• En guise d’introduction<o:p></o:p>

     

    Le vendredi 21 novembre 2014 lors de la cérémonie de passation de charges entre le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida, chef de l’Etat sortant et Michel Kafando, au palais omnisport de Ouaga 2000, ce dernier a fait des déclarations d’intention A cette occasion, le nouveau président a annoncé une moralisation de la vie publique et politique.<o:p></o:p>

    S’adressant à l’auditoire, le président du Faso, Michel Kafando, a pris de grandes décisions, qui ont suscité enthousiasme et ovation du public.<o:p></o:p>

    Il s’agit d’abord de « ramener la morale à la première place dans l’exercice du pouvoir politique ». Le temps de l’impunité est passé, et pour Michel Kafando,  plus question d’injustice, de gabegie, de corruption. Il a expliqué sa vision du bien public, et a prévenu « (…), ceux qui ont méprisé cette justice et qui pensent qu’ils peuvent impunément dilapider les deniers publics, nous règlerons bientôt les comptes ». Ceci est, pour lui, le désir  du peuple. Il dit avoir  compris le message.  « Tout nous conduit donc à prendre nos responsabilités et à répondre à cet appel », a-t-il déclaré.<o:p></o:p>

    « La moralisation de la vie politique ». <o:p></o:p>

    Le thème s’écrit plus souvent dans la séparation que dans la conjonction.
    La pensée moderne assimile et réduit le politique à la domination, réfléchit en
    termes de hiérarchie et de pouvoir des uns sur les autres. Mieux encore chez nous au Faso comme ailleurs, la notion de politique se rapproche de la prostitution. Cela s’entend que l’entrepreneur politique est dans une posture de perversité. Il est communément admis que le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt dans l’absolu.<o:p></o:p>

    La politique est la plus haute expression de la vie sociale. Elle est par excellence le lieu d’accomplissement de la visée éthique.  La  politique assure la pluralité et réalise par la justice le désir de vivre ensemble. Cette majesté du politique ne peut cependant s’exprimer, sans un retour aux sources de la citoyenneté, celle qui repose sur le sentiment de responsabilité et l’inscription dans le groupe. La démocratie ne se comprend pas sans engagement moral. Faut-il ajouter sans morale publique ?<o:p></o:p>

    I.                   LA MORALE ET LA POLITIQUE<o:p></o:p>

    Notre époque est en proie au doute, sinon au vide. Il existe comme crise récurrente plus profonde qui est celle de la confiance en la politique elle-même qui porte à la fois sur son sens et sur ses capacités, et qui est liée à une crise plus globale de la normativité, c’est-à-dire des valeurs susceptibles de nous orienter dans notre vie individuelle et, surtout, collective en nous proposant, voire en nous imposant des fins dignes d’être poursuivies.<o:p></o:p>

    On laissera de côté la dégradation des comportements politiques individuels, qui est générale et bien qu’elle joue un rôle dans ce scepticisme : corruption, ambition, mensonge, haine des uns contre les autres, rivalités pour le pouvoir, etc. Ce qui est plus profond et spécifique à notre présent, c’est le sentiment à la fois d’absurde et d’impuissance qui habite les hommes face à l’histoire dont ils sont pourtant, en un sens, les acteurs.<o:p></o:p>

    Les hommes politiques font et défont l’humanité à leur guise. Cela est dû, très clairement, à la confusion actuelle entre la fin et les moyens.<o:p></o:p>

    La pensée politique opère une distinction entre la morale et politique et cela à plusieurs égards. <o:p></o:p>

    Ø  Du point de vue du but.<o:p></o:p>

                L’une se soucie de la vertu de la personne, l’autre du bien public. L’une met en jeu une liberté dans son rapport à elle-même, l’autre cherche à concilier des libertés dans leurs relations extérieures sous des lois communes. L’une prend donc en charge le salut de l’âme, l’autre le destin d’une collectivité. La morale correspond à une exigence intérieure, la politique à une nécessité de la vie sociale. On peut être moralement bon, dans une cité politiquement malade ; une cité peut avoir une vertu politique sans que ses membres aient individuellement une grande vertu morale. Aristote disait en ce sens : « Il est possible d’être un bon citoyen sans posséder la vertu qui nous rend homme de bien ».<o:p></o:p>

    Ø  Du point de vue des moyens.<o:p></o:p>

    La morale est affaire d’intériorité. On est moral, non par la conformité extérieure de l’action à la loi mais par la qualité de son vouloir. Cf. L’analyse kantienne de la bonne volonté et sa distinction de la légalité et de la moralité. Il s’ensuit que c’est la pureté de l’intention qui fait la moralité de l’acte. Celle-ci est indépendante de ses conséquences. Cf. La distinction wébérienne de l’éthique de la conviction et de l’éthique de la responsabilité.<o:p></o:p>

    L’action politique se déploie dans l’extériorité et elle est moins jugée sur les intentions qu’elle proclame que sur les résultats qu’elle obtient.<o:p></o:p>

    Cette observation conduit Machiavel à affirmer que la politique est un ordre des réalités humaines absolument irréductible à tout autre. Elle est une lutte agonique pour la prise et la conservation du pouvoir, obéissant à une logique quasi autonome. Qu’il s’agisse d’imposer la tyrannie ou d’instituer et de sauvegarder la république, la règle est toujours la même. Il s’agit de vaincre. Dans cet ordre la fin justifie les moyens.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

      D’où les rapports tendus de la morale et de la politique.<o:p></o:p>

    Machiavel montre que la conquête et l’exercice du pouvoir sont l’enjeu de luttes féroces dans lesquelles l’homme politique ne doit pas trop s’encombrer de scrupules moraux. C’est là le plus sûr moyen d’échouer. Certes il est important de paraître vertueux (honnête, bon, intègre, loyal, etc.) car sur la scène sociale l‘apparence est reine. Mais précisément parce que le peuple ne juge que sur les apparences, seule la réussite compte à ses yeux. Un homme politique n’est pas jugé sur la pureté de ses intentions, ni sur la qualité morale des moyens mis en œuvre pour réaliser les fins politiques (la paix civile, la prospérité collective, ce qu’un peuple considère à un moment donné comme juste etc.), il est jugé sur sa réussite et de ce point de vue il est suicidaire d’être moral. Pourquoi ?<o:p></o:p>

    Parce que les hommes ne sont pas des êtres de raison. Ils sont des êtres de passions. La méchanceté humaine, le mal sont radicaux. Un peuple est travaillé par ce que Machiavel appelle des humeurs. L’humeur des grands est de dominer, l’humeur du peuple est de refuser d’être gouverné. Les rapports humains sont des rapports de force où le désir commun est de l’emporter sur l’autre tant dans l’ordre de l’appropriation des biens que dans celui du pouvoir.<o:p></o:p>

    Si l’homme était raisonnable, il serait possible de ne gouverner que par la loi, mais l’homme étant déraisonnable, le politique ne peut contenir les effets de violence de la déraison qu’en ayant la force du lion et la ruse du renard. « Bien savoir user de la bête et de l’homme » voilà la vertu politique par excellence. (Cf. L’interprétation que Machiavel fait de la légende du centaure Chiron, éducateur des héros grecs. Mi homme, mi cheval).<o:p></o:p>

    Il faut être lion pour résister à l’attaque des loups, mais la force seule est impuissante et contre-productive (elle suscite l’esprit de rébellion et l’escalade des violences), sans la ruse du renard permettant de contourner les pièges ou de savoir en jouer.<o:p></o:p>

    Puisqu’il faut être fort, l’enjeu est moins d’être aimé du peuple, que d’en être craint, mais cette crainte doit exclure la haine. Pour cela il faut flatter les passions des uns et des autres en jouant des rivalités internes au corps social. La grande vertu du politique est de flairer quel est le moyen le plus approprié au bon moment, car si la réussite politique met en jeu un art politique, cet art est avant tout, celui de savoir tirer parti des circonstances. Celles-ci sont changeantes. Machiavel appelle fortune le mouvement capricieux qui emporte les choses humaines et explique le désordre de l’histoire. Adversaire de l’homme d’action s’il ne sait pas en prendre la mesure, la fortune peut devenir son auxiliaire s’il sait par sa valeur (concept machiavélien de vertu) s’y adapter. L’essentiel de la vertu politique consiste d’ailleurs à être en accord avec la fortune, mais l’homme n’en a pas la maîtrise totale. Ce qu’illustre la maladie de César Borgia (1475-1507) et la mort de son père, le pape Alexandre VI, au moment où il est  au faîte de sa puissance. (Cf. Le Prince [2] § VII). Cf. Texte.<o:p></o:p>

    Il y a aussi une tension entre la morale et la politique, du fait que disposer du pouvoir politique c’est disposer de l’usage de la force publique puisque l’Etat est selon la définition de Max Weber : « l’instance qui a le monopole de la violence légitime ». Envoyer les soldats à la guerre, mobiliser les CRS pour faire respecter la loi ne sont pas des décisions faciles à prendre moralement or le scrupule moral peut être coupable politiquement. Voilà pourquoi on a le sentiment que « l’homme d’action se compromet avec des puissances diaboliques qui sont aux aguets dans toute violence ».Weber. Le Savant et le Politique.<o:p></o:p>

    II.                COMMENT MORALISER LA VIE POLITIQUE<o:p></o:p>

    Selon un sondage Opinionway Le Figaro-LCI, 77 % des Français estiment que les élus et les dirigeants politiques sont « plutôt corrompus ». Interrogés sur les sentiments qu’ils éprouvent par rapport à la politique, 36 % des sondés choisissent le « dégoût », 32 % évoquent de la « méfiance », 10 % de l’ennui et seulement 9 % de « l’intérêt » et 6 % « de l’espoir ».<o:p></o:p>

    La vie politique, faut-il le souligner, est faite essentiellement de relations humaines ; elle est un ensemble d'interactions entre différentes consciences dans leurs diversités et particularités.<o:p></o:p>

    L'espace politique se trouve être le lieu de formation et de codification des rapports entre citoyens, assignant à chacun d'eux des droits et des devoirs publics. Ces droits et devoirs publics sont fondés sur la recherche d'une meilleure existence assurant à tous la sécurité, la liberté et l'épanouissement. A cet égard, la démocratie comme forme agissante du républicanisme, cesse d'être alors seulement une manière de gérer la cité, pour être également plus une exigence morale en incluant les valeurs de la liberté, de la responsabilité, du respect d'autrui et de la recherche de la paix parmi les hommes et entre les nations. C'est en cela que  qu’il nous faut indiquer des préalables éthiques d'une politique digne des êtres humains.<o:p></o:p>

    Comment moraliser la vie politique ?<o:p></o:p>

    La moralisation de la vie politique participe de plusieurs dimensions. A ce niveau des instruments sont à définir et une procédure est à déterminer. <o:p></o:p>

    La moralisation et la transparence de la vie publique au Burkina est une lutte engagée depuis les indépendances. Dans la sous-région, notre pays était cité en exemple en matière de gestion et de transparence dans la gestion des affaires publiques. Les hommes politiques de la Haute Volta malgré la précarité des moyens dont disposait le pays ont su faire une profusion de valeur pour maintenir une certaine moralité dans leur entreprise politique.<o:p></o:p>

    Rappelez-vous la « Garangose » a fait son temps, les TPR ont vécu.<o:p></o:p>

    La moralisation de la vie publique a été au cœur de l’action gouvernementale pendant la période révolutionnaire. De nombreux témoins, auditeurs et autres nostalgiques se souviennent encore des longues séances des assises des Tribunaux populaires de la révolution (TPR), qui se tenaient à la Maison du peuple de Ouagadougou ou délocalisées à Bobo-Dioulasso et retransmises en direct à la Radio nationale.<o:p></o:p>

    Créés en octobre 1983, les TPR ont connu leur première audience, le 3 janvier 1984. A l’entame de ces séances de jugements qui sortaient de l’ordinaire, le président Thomas Sankara avait justifié ce type d’assisses criminelles : « La création des TPR se justifie par le fait qu’en lieu et place des tribunaux traditionnels, le peuple voltaïque entend désormais matérialiser, dans tous les domaines, dans tous les secteurs de la société, le principe de la participation effective des classes laborieuses et exploitées à l’administration et à la gestion des affaires de l’Etat ». Les TPR se voulaient des tribunaux d’exception instaurés en lieu et place des tribunaux classiques ou de droit commun. Leur but était de récupérer « aussi intégralement que possible pour le peuple, tous les biens qui ont été détournés, dilapidés, pillés par les dignitaires des régimes réactionnaires et également d’infliger les actions exemplaires et appropriés à ceux qui ont ruiné le peuple ».<o:p></o:p>

    La différence fondamentale d’avec les tribunaux classiques se trouve dans cette disposition selon laquelle les TPR siègent sans représentant du ministère public et l’accusé assure, lui-même, sa défense, sans avocat. C’est là, le talon d’Achille des TPR, qui ont été d’ailleurs vus par certains comme un règlement de compte dirigé contre les « réactionnaires ». Au terme d’un an d’existence, le bilan faisait état de 139 personnes jugées en seize (16) audiences, avec 104 condamnations à l’emprisonnement et à des peines pécuniaires. Trente-trois (33) personnes ont été relaxées. Et le montant des condamnations pécuniaires s’élevaient à environ 7 milliards de FCFA…<o:p></o:p>

    L’une des initiatives fortes de promotion de la bonne gouvernance et de la transparence à cette période est la déclaration des biens des dirigeants. Ainsi, à l’invite de ce qu’on a appelé la Commission du peuple chargée de la prévention contre la corruption (CPPC), en février 1987, des membres du gouvernement révolutionnaire, avec à leur tête son premier responsable, des directeurs généraux de sociétés, des ambassadeurs du Burkina accrédités à l’étranger… sont passés à la « barre », pour déclarer publiquement leurs biens. Si les TPR étaient des organes de jugement des crimes et délits, la CPPC se voulait un instrument « de morale révolutionnaire contre les perversions ».<o:p></o:p>

    Lors des travaux du conseil consultatif sur les réformes politiques, qui se sont déroulées entre juin et novembre 2011, l’un des points de consensus retenus a été, la déclaration des biens des hautes personnalités nouvellement nommées, avant leur entrée en fonction, comme cela devrait être le cas devant le Conseil constitutionnel. Une approche de la gestion des deniers publics qui rappelle la période révolutionnaire. C’est ce qui a été fait tout récemment. <o:p></o:p>

    Les membres du gouvernement ont déclaré leurs biens.<o:p></o:p>

    Dans le numéro spécial du 13 avril 2015 du Journal officiel du Burkina Faso, il est donné aux Burkinabè de prendre connaissance de la Déclaration sur l’honneur de la liste des biens du Président du Faso, des membres du gouvernement et du Secrétaire Général du Gouvernement et du Conseil des ministres.<o:p></o:p>

    Déclaration des biens au Burkina : La liste des personnalités concernées<o:p></o:p>

    Ceci est la liste des personnalités soumises à l'obligation de déclarer leurs biens auprès du Conseil constitutionnel à l'entrée et à la cessation de leurs fonctions. Toutefois, la présente liste devra être actualisée puisque sont aussi concernés entre autres les présidents des Conseils régionaux.<o:p></o:p>

    - le Médiateur du Faso ;
    - le Grand Chancelier des Ordres burkinabè ;
    - le Président du Conseil supérieur de l'information ;
    - le Président de la Commission électorale nationale indépendante ;
    - les Chefs de missions diplomatiques et les consuls généraux ;
    - les personnalités de rang ministériel ;
    - les Gouverneurs de régions ;
    - les Présidents des hautes juridictions ;
    - les Présidents d'université et les directeurs généraux des grandes écoles ;
    - le Délégué général du Centre national de recherche scientifique et technologique ;
    - les Chefs d'état-major des armées ;
    - le Contrôleur général d'Etat et les contrôleurs d'Etat ;
    - les Commandants de régions militaires ;
    - les Présidents des cours d'appel et les procureurs généraux ;
    - le Directeur général du Trésor et de la comptabilité publique ;
    - le Directeur central de l'Intendance militaire ;
    - le Président du Comité national de lutte contre la fraude ;
    - le Directeur central des marchés publics ;
    - le Directeur général de la douane ;
    - le Directeur général de la police nationale ;
    - le Directeur général des impôts ;
    - les Directeurs généraux des entreprises publiques ;
    - les Présidents des conseils provinciaux ;
    - les Maires ;
    - les Chefs de projets à gestion autonome.<o:p></o:p>

    A cela s’ajoute les outils de lutte contre les conflits d’intérêts. <o:p></o:p>

    Outre la déclaration de patrimoine, sont également concernés les revenus annexes des élus (les activités professionnelles des élus, leurs participations dans des structures privées et même leurs engagements bénévoles devront être déclarés). Pour le cas de la France on peut retenir que les parlementaires exerçant une profession annexe telle qu’une activité de conseil, avocat, médecin ou autre doivent rendre publics les revenus issus de ces activités.<o:p></o:p>

    Elle doit inclure les informations relatives à leurs activités professionnelles sur les cinq dernières années mais aussi celles de leur conjoint.<o:p></o:p>

    Par ailleurs, députés et sénateurs ne peuvent plus se lancer dans une activité professionnelle parallèle à leur mandat s’ils n’exerçaient pas cette profession avant leur élection.<o:p></o:p>

    Le non cumul des mandats est aussi une mesure de moralisation et de transparence de la vie politique. La loi peut prévoir une interdiction du cumul des mandats.<o:p></o:p>

    Interdiction de cumuler deux mandats nationaux entre eux ou bien un mandat national et certains mandats locaux ou territoriaux et enfin plusieurs mandats territoriaux entre eux.<o:p></o:p>

    Par ailleurs d’autres instruments juridiques participent de la moralisation de la vie politique. <o:p></o:p>

    Il y a lieu de noter le code électoral qui avec certaines dispositions participe de cette dynamique. <o:p></o:p>

    Le Conseil national de la transition (CNT) a adopté par 75 voix pour, 10 voix contre et 3 abstentions sur 88 votants, ce 7 avril 2015,  le projet de loi portant modification de la loi N°014-2001/AN du 3 juillet 2001 portant code électoral. Cette loi modificative, si elle est promulguée par le Président du Faso, intègre de nombreuses réformes dans l’organisation électorale au Burkina.<o:p></o:p>

    Conditions d’inéligibilité. Parlant de cette relecture, elle reprend, pour commencer, les dispositions de la Charte africaine de la démocratie et de la bonne gouvernance. En ses articles 135, 242 et 166, la nouvelle loi exclut de la présidentielle, des législatives et des municipales, « toutes les personnes ayant soutenu un changement anticonstitutionnel qui porte atteinte aux principes de l’alternance démocratique, notamment au principe de la limitation du nombre de mandats présidentiels ayant conduit à une insurrection ou à tout autre forme de soulèvement, sont inéligibles ». A préciser que ces dispositions ne concerneront que les élections présidentielle et législatives d’octobre 2015 et municipales de janvier 2016.<o:p></o:p>

    D’autres réformes. Outre ces nouvelles conditions d’inéligibilité, le nouveau code électoral intègre les candidatures indépendantes aux différentes élections. Une « avancée » saluée par les députés représentant la société civile.<o:p></o:p>

    Le Code électoral interdit également les gadgets électoraux lors de la campagne électorale. L’article 68 ter dispose en effet que « les pratiques publicitaires à caractère politique, l’offre de tissus, de tee-shirts, de stylos, de porte-clefs, de calendriers et autres objets de visibilité à l’effigie des candidats ou symbole des partis ainsi que leur port et leur usage, les dons et les libéralités ou les faveurs administratives faits à un individu, à une commune ou à une collectivité quelconque de citoyens à des fins de propagande pouvant influencer ou tenter d’influencer le vote sont interdits quatre-vingt-dix jours avant tout scrutin ».<o:p></o:p>

    Le nouveau texte s’oppose également à l’utilisation des biens de l’Etat à des fins électoralistes. « L’utilisation d’attributs, biens ou moyens de l’Etat, comme ceux d’une personne morale publique, d’une institution ou d’un organisme public notamment une société, un office, un projet d’Etat et une institution internationale à des fins électoralistes est interdite sous peine de sanctions (…) », dispose enfin l’article 68 quarter.<o:p></o:p>

    Enfin, la loi qui a été adoptée par les membres du CNT porte désormais à 25 millions de F CFA la caution des candidats à la présidentielle.<o:p></o:p>

    En dernier ressort en période électorale, le Conseil supérieur de la communication (CSC) a la charge de fixer, en conformité et selon les dispositions du code électoral, les conditions de production, de programmation, de diffusion des émissions et articles de campagne. Toutes ces mesures participent de la moralisation de la vie politique.<o:p></o:p>

    III.             CONTRIBUTION DES VALEURS ISLAMIQUES DANS LA MORALISATION DE LA VIE POLITIQUE BURKINABE<o:p></o:p>

    En ce qui concerne la législation et l’éthique islamiques, il est important de nous interroger sur ce que sont les valeurs éthiques et sur la manière dont l’éthique peut être conciliée avec la politique. Pour ce faire, nous avons besoin d’étudier les principes que renferment les textes et les objectifs que nous devons réaliser en ce qui concerne la bonne gouvernance. Nous devons poser la question même du sens de la « bonne gouvernance » d’un point de vue islamique et des valeurs éthiques sur lesquelles nous devons la faire reposer. Au-delà des modèles historiques et des discussions concernant la structure politique, il importe de réfléchir à la politique et au pouvoir, et à traiter la manière dont l’éthique, les principes et les objectifs islamiques majeurs (maqâsid) invitent les musulmans de notre pays à appréhender leur citoyenneté, le pouvoir et la structure politique de façon générale.<o:p></o:p>

    De façon spécifique en quoi notre participation citoyenne au Burkina peut contribuer à la moralisation de la vie politique ?<o:p></o:p>

    Agir sans objectif, c’est s’agiter ; agir pour une finalité, c’est former et construire. C’est pourquoi notre réflexion doit aboutir à ces constantes qui résonnent comme un viatique. Pour ce faire notre engagement citoyen doit se faire par le militantisme dans les OSC. Il faut militer et créer aussi. Et cela dans tous les domaines ; environnement, art, sport, consommation droit de l’homme, éducation. Puisque nous savons que nous ne pouvons pas, être "des musulmanes et des musulmans sans l’islam " alors il faut vivre sa foi. De toute notre force nous devons rester fidèles à Dieu et à notre être. C’est au cœur de cet engagement, que nous serons témoins de la bonne gouvernance au Faso. Être avec Dieu, c’est dire aux autres surtout aux entrepreneur politique que tout n’est pas permis pour de l’argent, du plaisir ou du pouvoir. <o:p></o:p>

    L’éthique de la responsabilité qui est au cœur de la spiritualité musulmane, dit et affirme qu’il y a " un bien ", qu’il y a " un mal " et qu’il convient de faire un choix. Il faut promouvoir le bien et savoir résister à l’injuste et au mal. Pour cela, il faut refuser de se dépouiller pour se faire accepter des autres.<o:p></o:p>

    Pour ne pas conclure<o:p></o:p>

    Notre vision se fonde sur la promotion de la justice, par le geste, par la parole, par les invocations, partout et en tout lieu. Nous sommes les amis de toutes celles et de tous ceux qui sont engagés au juste respect des principes de la bonne gouvernance, quels qu’ils soient. Nous sommes les amis de toutes celles et de tous ceux qui exigent un juste respect de valeurs morales de dignité chez l’homme. Avoir le courage de dénoncer ce qui doit être dénoncé, de louer ce qui doit l’être, de participer et de promouvoir les justes initiatives : qu’elles soient le fait de musulmans ou non, la justice est la justice et nous en sommes les dévoués défenseurs.<o:p></o:p>


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  • INTRODUCTION<o:p></o:p>

    L’école burkinabè a repris service depuis le premier octobre avec ses lots de défis à relever.<o:p></o:p>

    L’un des plus grands défis de la Oummah est de pouvoir assurer une éducation riche de motivation et de challenge, tout en imprégnant à l’enfant sa marque d’authenticité. Dans un monde qui vit des changements et des mutations rapides, nous avons à nous poser des questions impératives, quel individu nous voulons qu’il soit le citoyen musulman?<o:p></o:p>

    La rentrée scolaire 2014-2015 s’est effectuée au Burkina Faso avec un changement notable, à savoir la mise en œuvre du continuum éducatif. Une réforme qui suscite des questions et des réactions diverses au sein des acteurs. Mais le processus est enclenché et il est du devoir de chaque citoyen au Burkina Faso de savoir le contenu de cette reforme.<o:p></o:p>

    Notre réflexion s’articulera autour de ces questions évoquées.<o:p></o:p>

     

    I.            CONSTATS SUR LA SITUATION DE L’ÉDUCATION<o:p></o:p>

    1.   L’éducation au Burkina Faso.<o:p></o:p>

    L’Éducation, est de nos jours un enjeu du développement durable. Selon l’UNESCO, aujourd’hui dans le monde, un adulte sur cinq, dont deux tiers de femmes, n’est pas alphabétisé. 72 millions d’enfants ne sont pas scolarisés, et un enfant sur trois n’est jamais entré dans une salle de classe. L’éducation est un des symboles du développement humain : c’est un droit universel, un facteur d’épanouissement personnel, d’autonomisation et de développement social. C’est est le gage de la réduction de la pauvreté, de la mortalité infantile, d’une maîtrise de la croissance démographique. Elle permet aux femmes de s’autonomiser et contribue à l’égalité des sexes. Les parents éduqués transmettent leur savoir, et envoient plus naturellement leurs enfants à l’école. L’éducation est le garant d’une société développée, apte à relever les défis du développement durable, de la paix et de la démocratie.<o:p></o:p>

    Au Burkina Faso, plus de 85% de la population reste analphabète. Alors selon l’UNESCO, lorsque 70% d’une population ne bénéficie pas de la lumière du savoir, le développement de ce pays est gravement compromis.<o:p></o:p>

    Le débat sur l’éducation est plus que jamais ouvert. Les manifestations des personnels de l’Éducation nationale se succèdent et défendent le statut de l’école et l’identité d’une profession. (Sit-in du 24/10/2014).<o:p></o:p>

    Le débat n’a jamais cessé d’être ouvert  chez nous au Faso. La question est permanente de savoir quelle jeunesse on veut former pour quel projet de société. De Platon à Luc Ferry, des stoïciens à Hannah Arendt, en passant par bien d’autres, ces enjeux demeurent. Nous les entendons dans le vacarme actuel : la jeunesse est le miroir d’une société, ses fractures sont l’indice d’un malaise de la civilisation ; l’école ne peut se contenter d’instruire, mais doit aussi éduquer à l’autonomie individuelle et au vivre ensemble. Pour certains, son rôle est même d’aller jusqu’à élever l’individu en lui procurant du sens, en prenant en compte ses « besoins spirituels ». Bref, en faisant un petit bilan du système éducatif au Burkina, on constate que, le malaise actuel du système scolaire tient à cette ambiguïté : l’école est le « miroir » des embarras d’une société, elle en est aussi le « carrefour » en accueillant - c’est sa mission républicaine, des jeunes qui, dans leurs itinéraires individuels et sociaux, peinent à se repérer et expriment comme ils peuvent leurs interrogations dans une institution qui n’est pas préparée à répondre à ces demandes affectives, intégratrices, psycho-sociales… Mais elle ne peut être seule à s’interroger sur les choix éducatifs d’une société.<o:p></o:p>

    En 50 ans, notre société a connu rapidement de profonds changements dans les références et les pratiques éducatives. Cette accélération donne l’impression que nous sommes exsangues de mémoire, condamnés à puiser, comme au supermarché, dans les rayons des divers modèles qui se sont succédé pour essayer de « bricoler » des recettes.<o:p></o:p>

    Bien avant la crise de 2011, des changements s’annonçaient. L’école a été la dernière institution, avec le politique, à en prendre la mesure. Trois « modèles » successifs se sont « empilés ». Aucun n’a dissipé totalement celui qui le précédait, mais sans réel débat sur des changements profonds des mentalités, du vivre ensemble et de la relation entre les générations. Notre société se trouve aujourd’hui à devoir « recomposer » alors qu’il faudrait inventer librement l’éducation.<o:p></o:p>

    Trois facteurs au moins, éminemment symboliques, témoignent de l’échec de notre système éducatif : la singerie du modèle coloniale de l’éducation, l’absence de politiques éducatives sérieuses au Faso et l’impact de l’éducation parallèle.<o:p></o:p>

    Ces facteurs ont profondément gangrené notre système scolaire au point qu’on en est à un seuil de notre retour. En témoigne les résultats scolaires et l’inadaptation sociale des diplômés.<o:p></o:p>

    2.   L’éducation au sein de la Oummah<o:p></o:p>

    Au moment où le vivre ensemble commence à être menacé, alors que des solidarités s’imposent, que les valeurs de justice et de respect des limites devaient s’énoncer en raison même des difficultés à prévoir l’avenir, c’est l’empirisme qui domine les pratiques éducatives musulmanes. Nous sommes en train de développer un modèle de bricolage éducative. Une éducation loin de nos réalités musulmanes. La finalité de l’éducation pour nous musulmans dans ce contexte du Burkina n’est pas de former des gens qui parlent bien le français ou l’anglais ou même bardés de diplômes. Le plus important est de former des gens qui parlent du Bien. Cela pour répondre à nos exigences islamiques.<o:p></o:p>

    Le rôle de l’éducation en Islam est de former un être humain utile à son pays. L’éducation islamique est donc celle qui facilite la mission de l’Etat.<o:p></o:p>

    Mais qu’en est-il de la situation au Burkina Faso ?<o:p></o:p>

     

    II.           LES ENJEUX DE L’EDUCATION POUR LA OUMMAH<o:p></o:p>

    1.   Renforcer notre appartenance identitaire<o:p></o:p>

    Chez les enfants, le sentiment d’appartenance se vit d’abord au sein de la cellule familiale. Il se développe petit à petit en fonction de la qualité des relations entre les membres de la famille, pour ensuite s’élargir à l’école.<o:p></o:p>

    Comment faire en sorte que l’enfant se reconnaisse dans sa propre cellule familiale, et soit solide arrivé à l’adolescence, face aux quantités de groupes, mais également face aux heurts de la vie, aux manques ressentis, aux différents choix qui s’offriront à lui ? La réponse est dans la relation que vous aurez construite avec l’enfant. Il ne faudrait pas oublier une seule et unique chose : nous devons respecter nos enfants, tout en les cadrant, leur fixer des limites, leur permettre de s’épanouir en répondant à leurs interrogations sans tabou. Un enfant qui ne trouvera pas chez lui les réponses à certaines de ses questions les cherchera ailleurs. Un enfant qui n’aura pas l’attention dont il a besoin la trouvera ailleurs. A nous d’être disponibles, d’être à l’écoute, d’avoir les réponses, ou des pistes de réflexions pour permettre à l’enfant de grandir sainement, et d’avoir les armes nécessaires psychologiquement et spirituellement parlant. Ne déléguons pas à l’école notre devoir d’éducation. Son rôle d’instruction est déjà conséquent. Si votre enfant est comblé dans son besoin d’appartenance, l’école lui permettra d’apprendre les mathématiques, le français, la géographie… Si votre enfant ne se situe pas, qu’il ne sait pas vraiment qui il est, il cherchera des réponses durant les sept heures qu’il passe par jour quatre à cinq fois par semaine chez l’éducation nationale.<o:p></o:p>

    Le but de tout parent n’est-il pas de rendre son enfant autonome physiquement, psychologiquement et spirituellement parlant ? Mais comment arriver à ce que l’enfant s’auto-discipline ? Comment lui faire aimer sa religion ? Comment lui inculquer le respect des autres et surtout le respect de lui même ? Car c’est en lui apprenant à se respecter qu’il sera capable de refuser les mauvaises propositions. Et comment être le bon exemple pour lui ?<o:p></o:p>

    Germain Duclos écrit (dans son livre « L’estime de soi, un passeport pour la vie ») que la famille, premier noyau d’appartenance de l’enfant, conditionne ou influence beaucoup sa capacité future d’adaptation. Votre enfant ne doit pas avoir peur des autres. Nous sommes arrivés dans une période critique pour les musulmans, et ce dans beaucoup de pays du globe. Lui permettre de combler son besoin d’appartenance l’émancipera, et lui permettra de côtoyer, dans le respect, tout type d’individus, et ceci de manière épanouie. Restons ouverts sur le monde pour que nos enfants le découvrent avec nous, puis qu’il s’y engage seul, fort et conscient.<o:p></o:p>

    Nous, parents musulmans, souhaitons que nos enfants restent sur le droit chemin. Ils naissent musulmans, et notre rôle est de les aider à le rester. Tout ce que l’enfant apprendra dans sa cellule, il le reproduira dans différents groupes d’appartenances. Plus il grandira, plus il reconnaîtra les différents groupes, et si son besoin d’appartenance n’est pas comblé, il est facile pour lui d’en chercher un autre, ou ses membres seront plus à l’écoute par exemple.<o:p></o:p>

    Pour combler le besoin d’appartenance d’un enfant né dans une famille musulmane, il ne suffit pas de lui inculquer en boucle des invocations, ou les histoires des compagnons du Prophète (SAWS). Pour que l’enfant aime et se reconnaisse dans sa cellule familiale, pour qu’il se sente musulman, il lui faut des règles claires de vie, lui transmettant des valeurs éducatives sur le respect de soi et des autres, sur le respect de son environnement… Comme l’explique Brigitte Racine dans son livre « La discipline un jeu d’enfant », Ces règles doivent être claires, concrètes, constantes, cohérentes et conséquentes ! En effet, au delà des textes religieux, des invocations, votre enfant doit apprendre à vivre avec sa famille, avec ses amis, savoir comment évoluer dans différents environnement…<o:p></o:p>

    2.   Accroître notre engagement citoyen<o:p></o:p>

    Eduquer, c'est préparer à un devenir. L'éducation doit donc prendre en compte tout les besoins en devenir de nos sociétés. Il s'agira, par conséquent, de développer les facultés physiques, intellectuelles, morales,... à même de permettre à l’individu d'assumer pleinement son identité et sa citoyenneté. De ce fait, l'éducation islamique ne saurait être réduite à une simple instruction ou à l'apprentissage de quelques versets. L'éducation, selon l'Islam, est intégrale en ce sens qu'elle prend en compte tous les aspects de l'individu : cœur, âme, esprit et corps. <o:p></o:p>

    La formation de l’enfant prendra donc en compte tous ses besoins, de sorte à faire de lui, un être équilibré utile à toute la société. <o:p></o:p>

    Est-ce que nous voulons un citoyen musulman conscient de ses devoirs religieux et civiques, qui n’a pas peur d’exprimer sa spécificité ni de jouer un rôle de bâtisseur, ou nous voulons un citoyen replié sur lui-même sans repère, ni aptitude à se construire un devenir souverain? Au regard des générations qui naissent aujourd’hui et qui rallient l’école, et l’université à un âge donné, il y’a de quoi se tourmenter, un grand nombre de nos enfants ne dépassent pas le seuil de l’école primaire pour se retrouver exclus d’un système qui a ses défauts comme ses qualités, sans parler de l’absence totale d’une culture islamique que l’enfant ne reçoit ni chez lui ni à l’école, l’enfant est vite propulsé dans un monde impitoyable.<o:p></o:p>

    Nous avons à méditer longuement sur les raisons qui nous ont amenés à cette faillite morale.
    Les parents en procréant n’ont qu’un aperçu modeste de l’énormité de la tâche qui leur incombent, souvent et au regard de l’illettrisme répandu dans nos campagnes et jusque dans nos villes, le couple ne réalise pas ses responsabilités et ses devoirs, tout leur rôle se réduit à fournir le minimum des besoins matériels de l’enfant, pour le père et la mère c’est à l’école d’éduquer et d’instruire, et de garantir à l’enfant ses chances d’intégrations dans le monde des adultes. <o:p></o:p>

    Dans les medersas, l’enfant se voit inculqué des bribes de connaissance selon un contenu étranger.<o:p></o:p>

    Les sourates sont apprises par cœur, mais le maître souvent ne prend pas la peine d’en expliquer le contenu, réciter comme un perroquet des pans entiers du Coran Sublime n’est pas notre dessein, comment pouvoir élever des enfants à la lumière des commandements de l’Islam sans leur donner une explication claire et rationnel, comment l’enfant va prendre conscience de la finalité de la vie et de sa causalité dans ce cas?<o:p></o:p>

    Apprendre l’enfant à s’interroger sur l’univers à travers des sourates Coraniques est une manière de le renvoyer à la source de toute connaissance, Dieu. <o:p></o:p>

    L’éducation religieuse commence à la maison, les parents sont responsables devant Allah le Tout Puissant de la foi de leur enfant, la foi n’est pas uniquement la reconnaissance de l’unicité de Dieu, elle s’applique immanquablement aux actes du croyant, croire en Dieu invoque une obéissance à ses commandements et une stricte observation de la morale Islamique, l’enfant comme une page blanche doit connaître très tôt les piliers de l’Islam et l’histoire de l’Islam, on doit pouvoir lui inculquer des notions morales simples au départ pour accélérer  à un rythme donné au fur et à mesure de la croissance du petit.<o:p></o:p>

    Il est impératif d’insister sur le caractère progressif de l’acquisition du savoir, enseigner à l’enfant comment il doit compter sur Dieu en toute chose, lui démontrer à travers des exemples concrets le bien fondé de la morale Islamique est vital, car très tôt l’enfant est projeté dans un monde complexe, fait de paradoxe, de contradiction de vérité contrefaite, de défi majeur. Nous devons procéder de telle façon que l’enfant trouve une grande confiance en lui-même, il peut évoluer dans son milieu sans craindre d’être piégé par des comportements en opposition flagrante avec ses convictions et sa foi. Nous avons à développer le système d’immunisation de l’enfant, malmené par un déversement de culture étrangère et de mode changeante, il pourra faire le tri et choisir ce qui lui convient, en lui insufflant confiance dans ses propres capacités et son sens du jugement nous aurons donné une chance certaine à notre progéniture de commander à son devenir. L’éducation se fait et ne se défait pas, comprenant deux volets, le volet spirituel a une importance absolue, le négliger équivaudrait à hypothéquer l’existence de nos enfants, nous ne pouvons nous rapporter entièrement à l’école ou à la mosquée, les parents comme je l’ai déjà souligner plus haut sont plus que jamais concernés par l’épanouissement spirituel de leurs enfants, le plus grand malheur guette ces enfants quand les parents eux même sont incapable de jouer ce rôle et pour cause ils n’ont pas ce bagage religieux, appauvris, ils ne pourront assumer leur responsabilité immense en l’occurrence.<o:p></o:p>

    Elever un enfant est le devoir de tout parent, lui enseigner sa foi et les commandements de sa religion est une obligation, mission indispensable que nombre de parent négligent de notre temps, les pères et mères tournés uniquement vers la satisfaction des besoins matériels s’imaginent que tout leur devoir se borne à fournir le minimum des biens à leur enfant, ignorant que tout l’or du monde ne pourrait pas bâtir un homme, former le citoyen du futur est une charge, par conséquent contribuer à la bonne éducation de leur fils et filles, c’est faire d’eux des hommes et des femmes fières de leur identité et de leur héritage, capable de donner à leur société, à incarner fidèlement les principes de l’Islam, nous avons grand besoin de personne aguerri, vertueuse, responsable. C’est pourquoi confier la responsabilité de l’éducation aux parents est un véritable défi en l’absence d’un encadrement social, et d’une culture médiatique ajusté à nos valeurs, devant toutes ces difficultés, pères et mères sont appelés à réfléchir à deux fois avant de concevoir et aux jeunes gens sur le point de se marier, de bien méditer l’acte de mariage, une union bénie par Allah invoque une bonne conscience des devoirs. Enfanter est le souci majeur des parents. Les géniteurs doivent prendre en compte l’influence de plusieurs facteurs  et l’absence presque totale d’un soutien dans l’accomplissement de leur mission sacré, un des facteurs les plus graves et qui handicapent grandement l’éducation des enfants est la démission de tous les acteurs sociaux, l’Islam est conçu beaucoup plus comme un paravent qu’une source d’inspiration, notre religion rarement agit comme un repère dans une société indifférente au poids et à l’importance du rôle de la foi dans le quotidien des petits et grands. C’est prendre la mesure de l’écart que nous vivons et agir au mieux avec toutefois cette conscience aigue de la gravité de nos responsabilités.<o:p></o:p>

     

    III.         COMMENT RELEVER LES DEFIS DE L’EDUCATION <o:p></o:p>

    Des actions à mener<o:p></o:p>

    Rompre avec le verbe abondant et le discours généreux, se situer entre le balancement entre  l’incantatoire et le décisif,  pour aller vers l’action.<o:p></o:p>

    -       Le défi de la participation ;<o:p></o:p>

    -       Le défi de l’investissement ;<o:p></o:p>

    Se réserver le droit et le temps de corriger ces actions<o:p></o:p>

    IV.         APERÇUE SUR LE CONTINUUM EDUCATIF AU BURKINA<o:p></o:p>

    La mise en œuvre de ce continuum est, de fait, une application de la loi d’orientation de l’éducation de juillet 2007, qui définit, de façon très précise, le champ de l’éducation de base. Cette loi d’orientation est une relecture de celle de 1996, les deux ayant pris en compte les conclusions des états généraux de l’éducation tenus en 1994, et celles des assises nationales sur l’éducation, organisées en 2002.<o:p></o:p>

    En effet, l’article 19, de la loi d’orientation stipule que « L’éducation de base formelle comprend l’éducation préscolaire, l’enseignement primaire et l’enseignement postprimaire ». Le gouvernement du Burkina Faso n’a donc fait, en réalité, que s’inscrire dans la logique de la loi dont la nonchalance dans l’application à certains moments a été dénoncée, voire décriée.<o:p></o:p>

    Ce nouveau schéma est une réponse à l’exigence de la loi d’orientation qui rend l’éducation obligatoire et gratuite pour tous les enfants, de 6 à 16 ans. Dans le système éducatif burkinabè, les enfants de 16 ans sont en troisième. Le continuum, en principe, devrait donner plus de chance à la majorité des enfants du Burkina de pouvoir achever ce cycle complet.<o:p></o:p>

    Le continuum, selon les autorités en charge de l’éducation, présente plusieurs avantages, à savoir la mutualisation des énergies et les moyens pour une performance accrue. Ainsi, dit-on, la réforme va donner une vision plus holistique de l’éducation et aider à résorber des problèmes tels que les goulots d’étranglement constatés dans l’enseignement secondaire depuis une décennie. Par ailleurs, la réforme va permettre de mieux maîtriser les flux, de résoudre les déperditions scolaires, d’ajuster et d’harmoniser les programmes et les curricula. Et le grand enjeu, c’est que le continuum permettra de mieux définir le profil des sortants du système éducatif burkinabè et de mettre en cohérence l’éducation de base, avec une meilleure transition du préscolaire au primaire et du primaire vers le post-primaire.<o:p></o:p>

    CONCLUSION <o:p></o:p>

    Les défis de l’éducation pour la Oummah, soulèvent des interrogations qui interpelle toutes musulmane et tout musulman. Alors il faut savoir provoquer une réflexion participative dans le sens de trouver des repères à même de les relever.<o:p></o:p>


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  • EN GUISE D’INTRODUCTION<o:p></o:p>

    Dans l'islam, il y a des idéaux de partage et de fraternité qu'il faut exhumer et dont l'importance doit être réaffirmée. La fraternité a donc l'avantage d'être évocatrice aussi bien pour les musulmans que pour les autres croyances.<o:p></o:p>

    En effet, comment fraterniser concrètement au-delà du cercle de notre famille et de nos amis? On ne naît pas fraternel, mais on le devient. Grandir en humanité, c'est faire grandir en nous ce qu'il y a de plus humain dans l'Homme. Si nous ne nous saisissons pas de cette notion, si nous continuons de la laisser dans le placard comme un idéal de fronton, quelque chose de beau mais d'inutilisable, nous passerons à côté d'une occasion historique de la faire vivre concrètement. Nous ne pouvons plus nous permettre ce luxe de laisser cet idéal en attente.<o:p></o:p>

    Dans le milieu scolaire on est appelé à vivre cette notion de fraternité avec des non musulmans. Quelle attitude face à ces derniers ?<o:p></o:p>

    De même, vous êtes amené à côtoyer des gens de sexes opposés. La fraternité constitue un challenge face à la question de la mixité.<o:p></o:p>

    I.                   LA NOTION DE FRATERNITE EN ISLAM<o:p></o:p>

    Ø  La fraternité dans le coran<o:p></o:p>

    Les versets qui évoquent la fraternité entre les croyants sont nombreux. On trouve par exemple dans sourate Al Hujurat, verset 10 :<o:p></o:p>

    « Les croyants ne sont que des frères. Établissez la concorde entre vos frères, et craignez Allah, afin qu’on vous fasse miséricorde »<o:p></o:p>

    Dans le verset 103  de sourate Ali Imrane, Allah (Exalté soit-il) dit :<o:p></o:p>

    « Et unissez-vous tous ensemble au «Habl» (câble) d’Allah et ne soyez pas divisés; et rappelez-vous le bienfait d’Allah sur vous: lorsque vous étiez ennemis, c’est Lui qui réconcilia vos cœurs. Puis, par Son bienfait, vous êtes devenus frères. Et alors que vous étiez au bord d’un abîme de Feu, c’est Lui qui vous en a sauvés. Ainsi Allah vous montre Ses signes afin que vous soyez bien guidés. »<o:p></o:p>

    Ces versets mettent d’emblée l’accent sur l’importance de la fraternité, les croyants sont des frères les uns pour les autres. Le comportement que l’on doit avoir avec nos frères est détaillé dans des hadiths.<o:p></o:p>

    Ø  La fraternité dans la tradition prophétique <o:p></o:p>

    Nous citerons là que quelques hadiths traitants de la fraternité, car ceux-ci sont nombreux, et un article est insuffisant afin de parler d’un sujet aussi vaste que la fraternité. Selon Abou moussa (qu’Allah l’agrée), le messager d’Allah (que la paix et le salut soient sur lui) a dit :<o:p></o:p>

    Le croyant est pour son frère tel un édifice dont les pierres se soutiennent les unes par rapport aux autres. En disant cela, il croisa les doigt.<o:p></o:p>

    Rapporté par Al Boukhari<o:p></o:p>

    Dans un autre hadith rapporté par Al Boukhari et Mouslim (qu’Allah les agréent), le prophète (que la paix et le salut soient sur lui) a dit :<o:p></o:p>

    L’exemple des croyants dans leur amour mutuel et leur pitié l’un pour l’autre ressemble à l’exemple d’un corps, si un membre du corps sent la douleur, tout le corps souffre de l’insomnie et de la fièvre.<o:p></o:p>

    La nature de cette relation de fraternité implique également des droits et des devoirs. Dans un hadith rapporté par Abou Hurayra, le messager d’Allah (que la paix et le salut soient sur lui) dit :<o:p></o:p>

    Les devoirs de tout musulman à l’égard de ses frères sont au nombre de cinq: il se doit de lui rendre le salut, de le visiter lorsqu’il est malade, de suivre son cortège funèbre, de se rendre à son invitation et de lui souhaiter que Dieu lui fasse miséricorde quand il éternue.<o:p></o:p>

    Anas (qu’Allah l’agrée) rapporte ces paroles de l’Envoyé d’Allah (que la paix et le salut soient sur lui) :<o:p></o:p>

    Ne rompez pas vos relations, ne vous ignorez pas, ne vous détestez pas, ne vous enviez pas, soyez des serviteurs d’Allah fraternels. Il n’est pas permis à un musulman d’ignorer son frère plus de trois jours (ou encore: de  ne pas saluer son frère plus de trois jours).<o:p></o:p>

    (Rapporté par Boukhari et Muslim)<o:p></o:p>

    Egalement,  selon Abou Hurayra (qu’Allah soit satisfait de lui), l’Envoyé d’Allah (que la paix et le salut soient sur lui) a dit :<o:p></o:p>

    Ne vous jalousez pas, n’enchérissez pas les uns sur les autres, ne vous haïssez pas n’agissez pas avec perversité les uns à l’égard des autres, ne concluez pas d’achats au détriment les uns des autres, soyez, ô serviteurs de Dieu!, tous frères, le musulman est frère du musulman, il ne l’opprime pas, ne l’abandonne pas, il ne lui ment pas, ne le méprise pas. La crainte de Dieu se trouve ici, il montra trois fois sa poitrine puis ajouta: Le pire de l’iniquité est que le musulman méprise son frère musulman. Tout ce qui appartient au musulman est interdit au musulman : son sang, son bien et son honneur. (Rapporté par Muslim)<o:p></o:p>

    Ce hadith nous donne une conduite à tenir ainsi que des limites à ne pas franchir. La fraternité en Islam est un lien fondamental qui est la base de l’entraide entre les croyants.<o:p></o:p>

    En somme la fraternité islamique est la conscience que nos diversités représentent une richesse, et non une cause de peur ou de séparation.<o:p></o:p>

    Dans ce cas, la fraternité peut devenir un signe d'espoir partout où la vie en commun est en danger. Le repli identitaire et communautaire, la montée des extrêmes sont des conséquences directes et réelles de la crise de la fraternité et il est plus que jamais urgent de développer des espaces d’échanges et d’interconnaissances, de construire des liens forts entre les différentes composantes sociales de notre société, autour de projets communs et citoyens et de devenir ainsi de vrais acteurs du changement. D’où la nécessité de respect des non musulmans.<o:p></o:p>

    II.                LE MUSULMAN ET SES FRERES EN HUMANITE<o:p></o:p>

    Le respect et la gestion de la diversité sont au cœur des enseignements islamiques. A l’échelle de l’humanité, la diversité est l’expression de la volonté du Créateur : « Si Dieu l’avait voulu, il aurait fait de vous une seule communauté… Coran, Sourate : 5, v.48.<o:p></o:p>

    La gestion de ces différences entre les hommes exige de se rappeler une condition fondamentale. « Il vous a constitué en nations et en tribus pour que vous vous entre-connaissiez».<o:p></o:p>

    Le secret du vivre ensemble est la connaissance mutuelle fondée, non seulement sur la reconnaissance de nos similitudes, mais également sur la conscience respectueuses de nos divergences. En cela l’islam ne se suffit pas de la tolérance parce qu’on peut tolérer l’autre en l’ignorant, mais invite de façon plus exigeante au respect parce qu’il n’est point de respect sans connaissance et reconnaissance de l’autre. Or, la recherche de cette connaissance suppose un esprit curieux, ouvert, humble, critique et exigeant…<o:p></o:p>

    Il va de soi que la société n’est pas composée uniquement de musulmans, tout comme il est évident que les musulmans et les non-musulmans suivent des voies très différentes.  La vie d’un musulman est entièrement centrée sur sa croyance en Dieu.  Donc, la perception du musulman envers le non-musulman est largement déterminée par l’attitude du non-musulman envers Dieu.  Il est impossible, pour un musulman, d’avoir une véritable affinité et de ressentir un amour sincère envers une personne qui a tourné le dos à Dieu, qui refuse de se soumettre à Dieu ou, pire encore, qui ridiculise la croyance en Dieu.<o:p></o:p>

    Il n’est tout simplement pas naturel de trouver de l’amour véritable entre ces deux types de personnes.  Mais malgré ces sentiments négatifs envers le non-musulman, le musulman doit le traiter avec la plus scrupuleuse justice.  Cela s’applique à tous les non-musulmans; nombre d’entre eux ne sont pas du tout hostiles à l’islam, tandis que d’autres manifestent une haine sans équivoque contre l’islam et les musulmans. <o:p></o:p>

    L’un des principes de base, dans notre façon de traiter avec les non-musulmans, se trouve dans ce verset du Coran :<o:p></o:p>

     « Dieu ne vous interdit pas d’être bons et justes envers ceux qui ne vous ont pas combattus à cause de votre religion et qui ne vous ont pas expulsés de vos demeures.  Car Dieu aime ceux qui traitent (les autres) de façon équitable. » (Coran 60:8)<o:p></o:p>

    Le juste traitement est une obligation du musulman envers les non-musulmans.  Un érudit musulman bien connu, Ibn Baaz, a dit :<o:p></o:p>

    « [le musulman] ne doit pas causer de tort à une autre personne en ce qui a trait à sa vie, à ses bien et à son honneur, si le non-musulman est citoyen d’un État islamique ou jouit d’un autre type de protection.  Il doit en tout temps respecter ses droits.  Il n’a pas le droit de le voler ni de le tromper.  Il n’a pas le droit de porter atteinte à sa personne en le frappant ou en le tuant.  La protection de l’État lui garantit la sécurité en tout temps et en tous lieux. » <o:p></o:p>

    Un musulman peut socialiser avec des non-musulmans, acheter ou louer d’eux ou leur vendre des marchandises, par exemple. Ils peuvent s’inviter mutuellement à manger et discuter ensemble.  Mais de telles interactions sont inévitablement destinées à être limitées et ce, à cause des différences de croyance et de coutumes.  On pourrait dire que l’objectif ultime du musulman, en côtoyant le non-musulman, est de l’amener à embrasser l’islam, ouvrant ainsi la porte à une relation plus sincère et à une véritable fraternité entre eux.  Mais même si le non-musulman se montre hostile et impoli, le musulman sait qu’il doit répondre à son hostilité en déployant de bonnes manières.  Dieu dit, dans le Coran :<o:p></o:p>

    « La bonne action et la mauvaise ne sont pas égales.  Repousse le mal par ce qui est meilleur, et voilà que celui qui te traitait en ennemi (devient) un ami intime. » (Coran 41:34)<o:p></o:p>

    Bref, tel que l’écrit Ibn Baaz :<o:p></o:p>

    « Il est obligatoire, pour le musulman, de traiter les mécréants en usant des bonnes manières islamiques, tant que ces derniers ne combattent pas les musulmans.  Le musulman doit honorer la confiance qu’ils placent en lui, ne doit jamais les tromper, les trahir ou leur mentir.  Si un débat a lieu entre eux, le musulman doit argumenter de la meilleure manière et se montrer juste envers eux, même si la discussion s’anime.  Cela, en obéissance au commandement de Dieu qui dit, dans le Coran :<o:p></o:p>

    « Et ne discutez que de la meilleure façon avec les gens du Livre, sauf avec ceux d’entre eux qui ont commis des injustices. » (Coran 29:46)<o:p></o:p>

    Il est obligatoire, pour le musulman, de les inviter à faire le bien, de les conseiller de la meilleure manière et de se montrer patient avec eux, tout en entretenant le bon voisinage et en se montrant poli.  Cela parce que Dieu a dit :<o:p></o:p>

    « Invite (les gens) à suivre le sentier de ton Seigneur en usant de sagesse et de bonnes paroles.  Et discute avec eux de la meilleure façon. » (Coran 16:125)<o:p></o:p>

    Dieu a également dit :<o:p></o:p>

    « ... ayez de bonnes paroles pour les gens. » (Coran 2:83)<o:p></o:p>

    III. LA FRATERNITE A L’EPREUVE DE LA MIXITE SEXUELLE<o:p></o:p>

    La fraternité entre garçon et fille dans nos lycées et collèges doit être perçue comme  des réseaux de solidarité de proximité et qui tendent à prendre le pas sur les préjugés dont se nourrissent les campagnes de dénigrements.<o:p></o:p>

    La mixité est liée à l'histoire du système éducatif et relève d'un fonctionnement social  global, fondé sur une compétition entre les établissements et entre les familles. Or plus on hiérarchise, plus on fragmente la société. Dans ce contexte les filles en pâtissent. Alors comment les filles pourraient-elles s'en sortir ? La mixité sexuelle devient la bonne conscience de la compétition scolaire : l'instauration du libre choix de l'école par les élèves, justifiée par la mixité, aggrave les effets de l’exclusion des filles en réactivant les principes de la méritocratie, au lieu de mettre en œuvre des concepts comme la fraternité.<o:p></o:p>

    Il faut aider les filles comme les garçons à retrouver leur place dans la fraternité du milieu scolaire. Ce qui soulève une question sociétale : quelle est la place des filles et des garçons dans notre société? <o:p></o:p>

    La question de la mixité sexuelle à l'école ne peut pas être déconnectée des fins : que veut-on en faire ? Elle doit s'inscrire dans un projet pédagogique et social. Il faut s'interroger sur le bon niveau. . Il faudrait un vrai projet de société qui ne soit pas que de mots.<o:p></o:p>

    En principe, la mixité entre les hommes et les femmes n’est pas totalement rejetée ; elle est même recommandée à condition qu’elle vise un objectif noble et que l’activité elle-même soit licite, telle que l’acquisition d’une connaissance bénéfique, les bonnes actions, les projets caritatifs ainsi que beaucoup d’autres activités qui exigent les efforts et la coopération des deux sexes.  <o:p></o:p>

    Cependant, il ne faut en aucun cas y voir un appel à transgresser les limites et à oublier la nature des deux sexes. Dans toutes leurs affaires, aussi bien les hommes que les femmes doivent respecter les enseignements de l’Islam qui appellent à la coopération sur la base de la bonté et de la piété tout en respectant les règles de la moralité et de la courtoisie. 
    Les conditions devant être respectées lors de l’interaction entre les hommes et les femmes sont les suivantes : <o:p></o:p>

    Ø  Les hommes comme les femmes doivent s’efforcer de rabattre leur regard. <o:p></o:p>

    Il ne doit y avoir aucun regard lascif. Allah dit : « Dis aux croyants de baisser leurs regards et de garder leur chasteté. Cela est plus pur pour eux. Dieu est, certes, Parfaitement Connaisseur de ce qu’ils font. Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît et qu’elles rabattent leur voile sur leurs poitrines ; et qu’elles ne montrent leurs atours qu’à leurs maris, ou à leurs pères, ou aux pères de leurs maris, ou à leurs fils, ou aux fils de leurs maris, ou à leurs frères, ou aux fils de leurs frères, ou aux fils de leurs sœurs, ou aux femmes musulmanes, ou aux esclaves qu’elles possèdent, ou aux domestiques mâles impuissants, ou aux garçons impubères qui ignorent tout des parties cachées des femmes. Et qu’elles ne frappent pas avec leurs pieds de façon que l’on sache ce qu’elles cachent de leurs parures. Et repentez-vous tous devant Dieu, ò croyants, afin que vous récoltiez le succès. » <o:p></o:p>

    Ø  Une femme musulmane devrait s’habiller en conformité avec le code vestimentaire islamique.<o:p></o:p>

     L’habit de la femme musulmane doit, comme chacun le sait, couvrir tout le corps à l’exception du visage et des mains, sans être ni transparent, ni moulant d’une manière qui révélerait les formes du corps.  <o:p></o:p>

    Ø  Il faut adhérer aux principes généraux de la moralité. <o:p></o:p>

    En d’autres termes, une femme devrait parler sérieusement et marcher décemment, tuant dans l’œuf toute tentative de Satan de répandre l’immoralité. En outre, elle ne doit pas se parfumer lorsqu’elle quitte son domicile, car le Prophète — paix et bénédictions sur lui — a dit : « Si une femme se parfume puis passe devant un groupe d’hommes et qu’ils sentent son parfum, elle se sera rendue coupable d’adultère. » <o:p></o:p>

    Ø  Il est interdit à un homme et une femme de s’isoler dans un endroit où aucun autre homme n’est présent, car le Prophète — paix et bénédictions sur lui — a dit : <o:p></o:p>

    « (Dans ce cas,) leur troisième compagnon sera Satan (c’est-à-dire qu’il les mènera au péché). » Ceci s’applique également aux membres de la famille du mari comme nous en a informé le Prophète — paix et bénédictions sur lui —. Il a dit : « Gare à l’isolement avec les femmes ! » Ils (les Compagnons) ont demandé : « Qu’en est-il d’un membre de la famille du mari, Ô Messager d’Allâh ? » Il a répondu : « Un membre de la famille du mari c’est la mort (c’est-à-dire la cause de la mort). » Cela est dû au fait qu’un membre de la famille du mari peut rester un long moment et par conséquent le risque de pécher est plus grand. 

    <o:p></o:p>

    Ø  Enfin, nous voudrions faire remarquer que tous ces contacts ne doivent pas avoir lieu de manière débridée. Ils doivent avoir lieu selon la nécessité et de manière raisonnable. <o:p></o:p>

    Lorsqu’elle est en contact avec des hommes, une femme musulmane ne doit pas oublier sa nature ou son rôle en tant que femme et en tant qu’instructrice des générations musulmanes.<o:p></o:p>

    La fraternité passe d'abord par l'instauration de règles et de limites communes<o:p></o:p>

    L’une des conditions essentielles à la fraternité est l’amour.  C’est une obligation, pour tous les musulmans, que d’aimer leurs frères en islam.  En fait, ils doivent les aimer autant qu’ils s’aiment eux-mêmes.  Le Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) a dit :<o:p></o:p>

     « Nul d’entre vous ne croira vraiment tant qu’il ne souhaitera pour son frère ce qu’il souhaite pour lui-même. » (Sahih al-Boukhari, Sahih Mouslim).<o:p></o:p>

    La culture de cet amour humain se renforce au-delà du genre. Car dans le milieu scolaire, le vécu de cet amour peut faire l’objet de plusieurs amalgames.<o:p></o:p>

    Une autre condition essentielle à cette fraternité est le soutien mutuel, l’aide et l’assistance.  Lorsque le frère du musulman est opprimé ou traité injustement, ce dernier vient à son secours, s’il le peut, par tous les moyens qui sont à sa disposition.  Dieu dit, dans le Coran :<o:p></o:p>

    « Et pourquoi ne combattriez-vous pas pour la cause de Dieu et celle des faibles parmi les hommes, les femmes et les enfants qui crient : « Seigneur!  Fais-nous sortir de cette cité dont les habitants sont des oppresseurs!  Assigne-nous, de ta part, un protecteur!  Et assigne-nous, de Ta part, quelqu’un qui viendra nous secourir! » (Coran 4:75)<o:p></o:p>

    Une troisième condition essentielle à cette fraternité islamique est la miséricorde entre ses membres.  Cela va au-delà d’un simple amour entre eux; cela signifie que chaque musulman est vraiment affecté, au fond de son cœur, lorsqu’il voit son frère souffrir.  Le Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) a ainsi décrit les musulmans :<o:p></o:p>

    « Les croyants, relativement à l’amour mutuel, à l’affection et la sympathie qu’ils ressentent les uns envers les autres, sont à l’image du corps humain; lorsque l’un de ses membres souffre, c’est tout le corps qui souffre et qui réagit par la fièvre et l’insomnie. » (Sahih Mouslim)<o:p></o:p>

    Enfin, une dernière condition essentielle à la fraternité sont les actes de courtoisie.  La véritable fraternité est celle qui est mise en pratique et qui ne se résume pas qu’à de vaines paroles.  Un des aspects remarquables de l’islam est qu’il ne laisse pas les choses à un niveau hypothétique ou théorique, obligeant les individus à se demander comment ils sont censés atteindre certains objectifs ou mettre en pratique certains principes.  Par exemple, le Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) nous a parlé des gestes auxquels un musulman est en droit de s’attendre de la part de ses frères et de ses devoirs envers eux.  <o:p></o:p>

    Ainsi, parmi les actes de courtoisie qui sont d’usage en société, nous retrouvons ces six gestes mentionnés par le Prophète :<o:p></o:p>

    « Le musulman a six droits sur les autres musulmans : lorsque vous le rencontrez, saluez-le; lorsqu’il vous invite à manger, acceptez son invitation; lorsqu’il vous demande votre avis sincère, donnez-le-lui; lorsqu’il éternue et dit « alhamdoulillah », répondez : « Que Dieu soit miséricordieux envers toi »; lorsqu’il tombe malade, rendez-lui visite; et lorsqu’il meurt, suivez son cortège funèbre. »  (Sahih Mouslim)<o:p></o:p>

    Au-delà de ces six pratiques bien connues, la loi islamique encourage les musulmans à poser de nombreux autres gestes susceptibles de créer de l’amour et de la fraternité entre les croyants.  <o:p></o:p>

    EN GUISE DE CONCLUSION<o:p></o:p>

    Somme toute, en réalité, il s'agit souvent simplement d’éduquer les jeunes à la citoyenneté, d'une éducation au respect. Mais le respect ne fait pas l'alpha et l'oméga de la morale. Il y a dans notre culture humaniste tout un ensemble de vertus qu'il est important d'apprendre aux enfants: générosité, altruisme, sens de l'autre, goût des autres, sens du don et du pardon, expression de la gratitude et de la reconnaissance, compassion, amour comme philia («amitié»), amour comme agapê («charité, miséricorde»), empathie, capacité à souffrir de ce dont l'autre souffre et à se réjouir de ce qui le réjouit… C'est à cette condition-même qu'on pourra entrer dans une véritable logique de transmission et de coéducation avec les parents. L'école et la famille peuvent être complémentaires dans le renforcement de la fraternité.<o:p></o:p>


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  • INTRODUCTION

    Pour l'Islam, les fêtes rythment la vie et apportent une autre dimension au rapprochement entre le croyant et son créateur. Le fait de fêter, d’organiser des réjouissances, c'est être avec Dieu pour comprendre que tout acte que nous posons a une valeur spirituelle, puisqu’il est à l’extrémité de deux pôles : soit notre action nous conduit au paradis, soit  cette action nous enfonce dans les abîmes de l’enfer. Ainsi, tout acte devient sacré par la conscience qui le produit contre l'oubli, dans le rappel de Dieu, pour l'amour et le partage.

    Cependant, lorsque nous observons les pratiques de chez nous à propos des réjouissances, quelle n’est pas la déception, le constat amer d’une certaine confusion, d’un désordre humain qui ne dit pas son nom.

    C’est pourquoi, il s’avère important de s’interroger sur la qualité, les fondements des walimas qu’ils soient pour les mariages, pour le hadj, ou encore pour les nouvelles maisons et les promotions (examen, concours et boulot).

    I.                  DEFINITION

    Le mot walima est dérivé de awlam, ce qui signifie pour rassembler ou assembler. Il désigne une fête en arabe. Walima est utilisé comme un symbole pour afficher la félicité domestique dans l'après-mariage des ménages.  Bien que walima soit souvent utilisé pour décrire une célébration de mariage, il est également organisé pour célébrer la naissance d'un nouveau-né et l’acquisition d'une nouvelle maison, ou après le hadj.

    Walimaen traduction littérale signifie "monter" et est utilisé pour décrire un ensemble ou fête célébrant les grands événements de la vie. 

    S'il est un terme arabe, ce n'est pas nécessairement un terme réservé aux musulmans en tant que tels, comme le mot décrit simplement l'événement qui doit être célébré.

    II.               FONDEMENT

    Pour les savants de l’école châféite  lorsqu’on a un événement heureux, il est recommandé de préparer un repas en fonction de ses moyens pour inviter ses proches et les personnes démunies. C’est le cas lors des mariages. Ces juristes musulmans, se sont appuyés sur le hadith rapporté par Boukhari où le Prophète (SAWS), a dit à Abderrahmane Ibn Awf : « Fais la Walima même avec un seul mouton ! » pour dire qu’elle est obligatoire, surtout dans le cas d’un mariage.

    Par extension à l’occasion des baptêmes de nouveau-nés, d’une nouvelle maison ou après le hadj, chez certains musulmans arabes, on organise un repas après la circoncision. Cela aussi est appelé walima.

    Toutefois, d’autres écoles juridiques abordent le sujet, mais en insistant sur tel ou tel aspect.

    III.           LES WALIMA ENTRE ADORATION ET PERVERSION

    Il est très important de souligner que le repas du walima et la réception organisée à cette occasion doit se faire dans le strict respect des préceptes islamiques. Les savants condamnent ainsi les dépenses excessives et le gaspillage dans la réalisation du walima. Il ne faut pas non plus que cette réception revêt une dimension ostentatoire.

    Comme indiqué précédemment, le walima sera organisé selon nos moyens. Néanmoins, on veillera à ne pas y convier exclusivement des personnes aisées, en excluant les pauvres. Abou Houreïra condamnait cela sévèrement en disant : « Le pire des repas est celui du walima auquel on n'a invité que les riches et délaissé les pauvres (…) » (Boukhâri) Des propos allant dans le même sens sont rapportés de Ibn Abbâs et Ibn Mas'oûd.

    En ce qui concerne la personne qui reçoit une invitation personnelle au repas du walima, selon beaucoup de savants, il lui est obligatoire d'honorer celle-ci - sauf s'il a une excuse valable pour ne pas le faire ; c'est le cas par exemple lorsqu'il y a des choses illicites dans la réception et qu'il ne peut rien faire pour qu'elles soient enlevées. C’est le cas des écoles châféite, hambalite et de l'Imâm Mâlik.

    Pour d’autres savants (essentiellement les hanafites) le fait d'accepter l'invitation du walima n'est pas obligatoire, mais seulement recommandée.

    De nos jours, les gens ne sont pas conformes aux principes islamiques et ils jouent aussi toutes sortes de comportements qui sont religieusement interdit comme l'alcool, la danse des femmes et des hommes ensemble, etc, et ensuite, le Coran est récité au hasard. Ces sortes de scènes qui sont fondamentalement contraire à l’éthique islamique,  démontrent clairement que les dérives constatées ça et là sont en train de discréditer les walima. Ce qui est autorisé devient illicite dès lors qu’on en fait un mauvais usage. Notre communauté islamique est versée fondamentalement dans une dynamique de consommation tout azimut. Nous consommons comme les autres consomment. A croire que les musulmans burkinabè sont des abonnés aux fêtes, sans discernement. C’est ce qui explique le fait que nous voulons tout fêter. Certains poussent le ridicule plus loin en organisant des walima pour arroser la réussite au CEP ou au BEPC des enfants. Comment quelqu’un qui n’a pas boulot et rien que le CEP. On pense l’encourager ainsi, mais est-ce réellement la meilleure forme ? 

    De même, certains burkinabè qui ont été surpris par leur ascension sociale, trouvent toutes les occasions pour walima. La conséquence est qu’on nous impose à consommer tout azimut. Et souvent au détriment de nos moyens et de notre dignité.

    Il faut aujourd’hui utiliser les références islamiques pour s’opposer et résister à certaines aliénations culturelles. C’est pourquoi, il demeure salvatrice pour nous musulmans du Faso, de savoir toute raison gardée, rester nous même dans la fête et autres walima.

    Dans nos sociétés, caractérisées par la défaillance des marqueurs sociaux, la fête, mécanisme de renouveau sociétaire, nous enseigne qu'il est important de tisser des réseaux humains pour dynamiser une perspective communautaire, en vue de développer une éthique de solidarité. Illimitée dans l'action civilisatrice, la fête offre l'amour, entretien la dignité, éveille la convivialité, développe la générosité et baigne l'être dans une spiritualité participative, une fraîcheur de renaissance, une paix qui s'ouvre à l'humaine fraternité contre la démission du potentiel affectif. Elle est un chemin qui mène de la " Transcendance " à la " Communauté ".

    Qu’en est-il, de nos walima ? Quelle attitude faut-il adopter pour se libérer des pratiques avilissantes de chez nous à tord appelés walima?

    Si nous croyons en Dieu, notre Tawhid, doit nous empêcher de fêter comme on fête et consommer comme on consomme. Le Tawhid oriente, façonne et guide le musulman en permanence. Il donne une dimension de centralité et nous enseigne que tout ce que nous faisons, tout ce que nous consommons relève de l'adoration quand Dieu est mis au centre. Moteur de toute action, inspiration de toute réflexion, le Tawhid exige un renouvellement constant de nos intentions et du sens que nous donnons à notre vie quotidienne.

             A l'heure où certains se plaisent à voir dans l'islam le sens d'un enfermement et la somme de restrictions, nous avons pour tâche de montrer l'aspect libérateur de la spiritualité musulmane. Témoigner de Dieu, c'est se libérer de l'homme, de ses passions, de ce que la société tente de nous imposer en terme de mode, de tendance et de dictature normative. Il nous faut comprendre que notre spiritualité n'a pas pour seul but de nous protéger de nous-mêmes ou des autres ; elle se veut plus ambitieuse et plus noble : la spiritualité tend à nous faire comprendre que les seules chaînes qui nous emprisonnent sont celles que nous nous imposons. Notre foi doit être inspiratrice de compréhension et de sens ; elle doit chercher à nous libérer de tout ce qui pourrait nous aliéner et non seulement nous protéger de ce que nous craignons. Vivre sa spiritualité, c'est reconnaître sa soumission volontaire en l'Unique, mais c'est aussi comprendre qu'au-delà de cette reconnaissance, nulle âme ni force ne peut nous aliéner et ne peut aliéner notre liberté.

             Appréhender la spiritualité sous la forme de la libération permet à la fois de nous protéger mais aussi de pouvoir agir et développer des formes de walima qui cadrent avec ce qu’ALLAHOU SOUBHANA TAALA a recommandé. Cela voudrait dire  que nous devons  devenir des acteurs de notre société et non plus des consommateurs.

    CONCLUSION

    A travers nos walima,la fête doit prendre un sens nouveau en fonction de notre spiritualité dont elle révèle l’exigence de rester proche de Dieu. Pour cela, il faut savoir éviter les simplifications dangereuses et les compromissions pour plaire à Dieu au lieu de vouloir plaire aux hommes.  Ainsi, seulement, la fête, le walima prend la plénitude de son sens. 


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  • EN GUISE D’INTRODUCTION

    Quelles que soient les époques,la Da`wa a toujours été sous la loupe et quel que soit le niveau d’étude, elle a toujours été jugée insuffisante.Aujourd’huiencore, on trouve qu’elle ne va pas assez loin, qu’elle ne s’adapte pas assez rapidement àl’évolution sous nos latitudes , que les da’i  devraient être plus polyvalents pour répondre aux besoins actuels.

    Toutefois, même si cette Da`wa pouvait répondre à tous les critères d’excellence, les savoirs d’hier et ceux d’aujourd’hui ne sauraient suffire à faire face aux avancées technologiques et organisationnelles qui pointent déjà comme des défis à l’Islam. De nos jours, le rafraîchissement des savoirs et le renouvellement régulier et périodique des compétences s’imposent pour une Da`wa tant défensive qu’offensive.

    Celui qui porte un regard sur l’évolution de la conception de la Da`wa est amené à constater le passage d’un système fermé (on appelle à l’Islam parce qu’il faut appeler) à un système ouvert à son environnement (on appelle à l’Islam pour répondre aux besoins de la communauté  et de ses membres, on appelle à l’Islam pour former et pour investir).

    C’est dans cette dernière perspective que nous  présentons ici la Da`wa.

    La perspective s’articule autour de trois aspects complémentaires qui répondent à quatre questions fondamentales :

    -         La justification de la légalité de l’appel à l’Islam par des versets ou des hadiths ;

    -         L’explication de la méthode organisationnelle de l’appel à l’islam ;

    -         L’Enumération  des difficultés liées à l’appel à l’islam dans le monde contemporain.

    -         Les mérites liés à la Da’wa et les conséquences liées à son abandon

    Mais avant tout propos, il s’avère nécessaire de procéder à une élucidation conceptuelle de certaines notions liées au mot da`wa.

    I.           Concept et évolution de la notion de Da’wa 

    ·         Etymologiquement : le motda`wa vient de l’arabe دَعْوة  [da`wa], qui signifie  invitation.

    La racine d.’ â., dans le Coran, aplusieurs registres de signification  : appel, invitation, invocation de Dieu ou prière. Le mot da`wa qui en découle désigne l’invitation, faite aux hommes par Dieu et les prophètes, à croire en la vraie religion.

    « Et avertis les gens du jour où le châtiment les atteindra et ceux qui auront été injustes diront : "Ô notre Seigneur accorde-nous un court délai, nous répondrons à Ton appel et suivront les messagers". - N'avez-vous pas juré auparavant que vous ne deviez jamais disparaître? »Sourate 14, verset 44

    ·         D’un point de vue religieux : c’est un ensemble de techniques  utilisé pour propager la religion.

    Elle désigne la technique de propagation religieuse utilisée par les musulmans et qui consiste à envoyer des missionnaires (dâ`i) dans la population.

    Le prophète Mouhamad (SAWS) a eu pour mission de renouveler cet appel, qui devient « l’appel à l’islam » ou « l’appel de l’Envoyé de Dieu. » Auparavant, on aura admis que la religion de tous les prophètes est l’islam, chaque prophète ayant son propre appel (même les faux prophètes ont usé du mot da`wa pour désigner leur prédication).

    Le terme s’applique également à la communauté des hommes qui ont répondu à l’appel du Prophète. On parle alors de « consensus de l’appel » (ijtimâ’ al-da’wa).

    ·         D’un point de politique : c’est un moyen de créer un nouvel empire.

    On peut donner au terme da’wa un sens à la fois politique et religieux comme le fait Ibn Khaldoun, pour qui la da`wa est un des outils qui servent à fonder un empire nouveau.

    ·         De nos jours et pour nous acteurs du mouvement associatif islamique au Burkina da’wa c’est tout cela à la fois.

    -         C’est un appel à l’Islam à travers un discours et à travers un modèle identificatoire

    -         C’est aussi la construction d’une image de l’Islam et du musulman qui contraste avec les stéréotypes et autres préjugés actuels.

    II.        Fondement de la Da’wa

    La da’wa est une obligation religieuse (taklif) qui trouve ses fondements dans le Coran et dans la Sunna de Rassul (SAWS). De ce fait partant du  principe que l’Islam est une religion universelle dans le sens où le message coranique s’adresse à toute l’humanité (au passé, au présent comme au futur), la Da’wa constitue une obligation pour tous les croyants à commencer par le Prophète (SAWS).

    Le Coran dit à cet effet:

    « Nous t’avons envoyé à la totalité des hommes, uniquement comme annonciateur de la bonne nouvelle et comme avertisseur ; mais la plupart des hommes ne savent pas ». Sourate 34 verset 28.

     « Invite (les gens) à suivre le sentier de ton Seigneur en usant de sagesse et de bonnes paroles. Et discute avec eux de la meilleure façon. Certes, c’est ton Seigneur qui connaît le mieux celui qui s’égare de Son sentier et ceux qui sont bien guidés. » Sourate 16 verset 125

     « Que soit issue de vous une nation qui invite au bien, ordonne le convenable et interdit le blâmable. Ce sont ceux-là qui réussiront. »Sourate 03 verset 104

    À première vue, le troisième verset peut sembler restreindre l’obligation générale présentée dans le deuxième, mais si on étudie de plus près la sounnah du Prophète Mohammed (SAWS), on y découvre qu’appeler les gens à n’adorer qu’Allah relève plus de l’obligation individuelle que de l’obligation collective. Le Prophète (SAWS) a dit : « Transmettez de moi ne serait-ce qu’un seul verset. » (al-Boukhari) Transmettre le message n’exige donc pas un haut niveau d’éducation; c’est une responsabilité qui repose sur chaque musulmane ou chaque musulman, selon ses capacités.

    Cette obligation est soulignée avec encore plus d’insistance dans le verset suivant, qui affirme que de ne pas transmettre le message – c’est-à-dire de garder pour soi sa connaissance de la vérité – est un acte de désobéissance envers Allah, pour lequel Il fait descendre Sa malédiction sur ceux qui s’en rendent coupables. De toute évidence, il s’agit donc d’un péché qui peut mener tout droit en Enfer.

    « Ceux qui dissimulent ce que Nous avons révélé comme preuves et comme indications pour guider les gens, après que Nous les ayons rendues claires dans le Livre, ceux-là sont maudits par Dieu et maudits par ceux qui ont le pouvoir de maudire, à l’exception de ceux qui se sont repentis, se sont amendés et ont ouvertement déclaré (la vérité).» Sourate 02 verset 159

    Dans le même ordre d’idées, le Prophète (SAWS) a déclaré : « Quiconque cache un savoir, Allah le marquera avec le fer de marquage de l’Enfer. » (Ahmad)

    Appeler les gens à n’adorer qu’Allah signifie également parfaire notre adoration, qui est la raison pour laquelle nous avons été créés. C’est un des actes les plus nobles, qui mérite une rétribution supérieure. Dans la mesure où l’Islam est une religion éternelle destinée à tous les hommes et pour tous les temps, il faut donc des porteurs du message et une prédication (da’wa) qui se renouvelle perpétuellement afin que l’ensemble de l’humanité sache que : « Certes la religion acceptée d’Allah, c’est l’Islam » Sourate 03 verset 19

    Dans la Sira du Prophète (SAWS), il ressort que Rassul (SAWS) ne s’est pas limité à envoyer ses compagnons dans les différents territoires arabes pour diffuser le message de l’Islam, mais il a aussi incité les non musulmans à embrasser l’Islam. De même qu’il a adressé des courriers aux rois des contrées non-arabes (Egypte, Ethiopie, Byzance ou la Perse), les invitant à rejoindre avec leur peuple, la communauté des musulmans.

     Après la mort du Prophète (SAWS), les ulémas (qui sont, selon le hadith, ses héritiers) ont le devoir de poursuivre la mission prophétique. En fait, pour la majorité des théologiens musulmans, toutes tendances confondues, la tâche assumée par le Prophète, incombe, après sa mort, à toute sa communauté qui est la meilleure des communautés, la nation  idéale parmi les nations, celle qui reste fidèle à la religion d’Abraham, père de tous les monothéistes, et qui est appelée à témoigner de sa foi parmi tous les hommes :

    « Et lutter pour Allah avec tout l’effort qu’Il mérite. C’est lui qui vous a élus ; et Il vous a imposé aucune gêne dans la religion, celle de votre père Abraham, lequel vous a déjà nommés « Musulmans » afin que le Messager  soit témoin contre vous et que vous soyez témoins contre les hommes » Sourate 22 verset 78.

    Dans un autre verset : «  Et aussi Nous avons fait de vous une Communauté de juste  pour que vous soyez témoins aux gens, comme le Messager sera témoin à vous » Sourate 2 verset 143. Aussi nous avons le devoir en tant que musulmane et musulmane d’instruire l’humanité et de lui dévoiler constamment l’essence de la foi en Allahou soubhana taala.

    Les juristes musulmans invoquent aussi le principe dit de « La recommandation du bien et l’interdiction du mal » :

    « Que soit issue de vous une communauté qui appelle au bien, ordonne le convenable, et interdit le blâmable. Car ce sont eux qui réussiront. » Sourate 03 verset 104

    Puisé au départ dans la source coranique, il été ensuite explicité par un hadith attribué au Prophète définissant les trois niveaux d’action pour recommander le bien et défendre le mal : par la main d’abord, par la langue s’il n’est pas possible de changer matériellement l’ordre des choses, par le cœur (ou la conscience) enfin pour celui qui se trouve dans l’incapacité d’utiliser les deux premiers moyens. 

    L’argumentation des fuqaha (juristes) et des théologiens utilise aussi un des fondements du droit islamique, à savoir l’ijmaa (le consensus des savants). On considère en effet, qu’il existe un consensus parmi les compagnons du Prophète  et ceux qui les ont suivis pour définir la da’wa comme une obligation religieuse. Il restait à préciser si cette obligation concerne tous les musulmans comme la prière ou le jeûne ou seulement une partie des musulmans. La majorité des théologiens considèrent que l’Etat musulman doit assumer cette obligation, mais cela doit être complémentaire avec les efforts des individus et des groupes structurés. C’est aussi l’interprétation que donne Ghazali dans son célèbre ouvrage « Revivification des sciences de la religion » quant au  principe de la « La recommandation du bien et la défense du mal ».

    III.     Méthode organisationnelle de la Da’wa

    Dans la promotion de l’Islam, il existe plusieurs méthodes qui s’inspirent des réalités quotidiennes, des époques et du vécu et de l’environnement des peuples concernés.

    De fait, pour une certaine efficacité dans l’appel à l’Islam, nous devons développer les qualités suivantes qui apparaissent comme méthode et programme d’action à exécuter :

    Primo :lutter contre sa propre ignorance à travers une quête perpétuelle de la science en générale et du savoir religieux en particulier. Surtout quand on sait qu’une meilleure compréhension de la science religieuse passe inéluctablement par une connaissance ne serait-ce que superficielle des autres formes de savoir.C’est pourquoi, dans le cadre de l’appel à l’Islam le musulman ou la musulmane doit s’instruire pour comprendre, tant au niveau individuel qu’au niveau local

    ·         Au niveau individuel

    Le musulman engagé doit essayer de s'instruire lui-même sur les questions internationales et locales en s’informant régulièrement. Ne dit-on pas que l’homme qui n’est pas informé est un danger public ? Il devrait prendre l'habitude de discuter des événements avec ceux qu'il rencontre et ainsi bénéficier de leurs opinions. De même, il devrait comprendre l’engagement islamique comme étant une question globale non limitée par les frontières nationales. Il est dans l'obligation de défendre les opprimés et de dénoncer l’injustice partout. Son devoir est d'expliquer le Message aux habitants de tous les continents du monde, dans la mesure de ses moyens. Le monde entier est considéré comme lieu d'action et d'adoration, ainsi que l'explique le Messager de Dieu : « La Terre a été faite pour moi mosquée et moyen de purification. »

    ·          Au niveau local

    Le musulman engagé devrait participer à sa communauté. C'est dans le milieu local que résident les devoirs fondamentaux du musulman, dans son environnement immédiat, sa localité ou son pays. Les responsabilités dont il doit s'acquitter sont les suivantes :

    Ø  Il doit avoir une connaissance et une compréhension approfondies du pays et de sa population. Il devrait étudier sa géographie, son histoire et sa mémoire, etc.

    Il a besoin de posséder une solide connaissance des mouvements de la société civile, du système politique et institutionnel du pays, quels sont les intellectuels, les « décideurs », les grands auteurs. Le musulman engagé ne peut pas comprendre les gens à moins qu'il n'ait des connaissances de base sur les conditions religieuses, politiques, éducatives, économiques et sociales du pays où il vit et travaille.

    Ø  Ildevrait s'intéresser aux problèmes de société.

    Il ne devrait pas adopter l'attitude négative qui consiste à dire qu'il n'est pas responsable de leur solution parce que, pour commencer, l'Islam n'a pas créé ces problèmes. Son comportement devrait être comme celui d'un médecin qui considère que guérir les maux de ses malades comme un défi et un devoir personnel. Même lorsqu'il n'a pas de vrai remède, il peut au moins atténuer la douleur et soulager le supplice du malade. On n'a jamais entendu parler d'un médecin prospère qui ridiculise ou attaque ses patients. Il essaie toujours d'améliorer la situation, dans un esprit positif.

    En somme pour appeler à l'Islam, il faut avoir une connaissance solide  En effet, l'ignorance, au lieu de corriger et améliorer, détruit la vocation et la corrompre. Allah l'Exalté dit:

    « Dis: Voici ma voie, j'appelle les gens à Allah, moi et ceux qui me suivent, nous basant sur une Bassirah (une connaissance et une preuve évidentes). Gloire à Allah, et je ne suis point du nombre des associateurs. »Sourate 12 Verset 108. 

    Secundo : nous devons être des modèles vivants du message de l’Islam, tout comme Rassul (SAWS) l’a été pour l’humanité. Cette entreprise nécessite en plus du savoir religieux, de la sincérité, de la patience, et beaucoup d’engagement pour les causes justes.

    ·         La sincérité:

    Il est nécessaire que celui qui appelle à l'Islam soit sincère ayant l'intention d'appeler pour l'amour de Dieu le Tout Puissant. Il ne doit pas avoir le désir de se faire remarquer, ou le désir d'avoir une bonne image devant tout le monde. Il ne doit non plus espérer les louanges et les récompenses du peuple. Allah, Gloire à Lui, dit:

    « Et qui profère plus belles paroles que celui qui appelle à Allah, fait bonne œuvre et dit: Je suis du nombre des Musulmans ? »Sourate 41 Verset 33.

    ·         La patience:

    Pour propager la vocation de l'Islam, il faut avoir aussi une personnalité digne et un comportement excellent, gardant sa patience et appelant à la patience. Il faut être sincère dans sa prédication, motivé pour propager le bien parmi les Hommes et les maintenir loin du mal. Celui qui appelle à la religion d'Allah doit implorer Allah l'Exalté qu'Il le guide et guide le peuple qu'il appelle. Quand le prophète Muhammad(SAWS) a appris que la tribu "Daws" a désobéi, il a dit: « ô Allah! Guide Daws et apporte-les proches. »

    Avoir la vocation de l'Islam exige du prédicateur de ne jamais désespérer, ne jamais prononcer des mots qui pourront provoquer l'aversion chez les gens contre la vérité. Cependant, si quelqu'un parmi ceux qu'on appelle répond par une agression ou un acte d'injustice, la manière d'agir sera tout à fait différente, comme Allah, Gloire à Lui, dit:

     « Et ne discutez que de la meilleure façon avec les gens du Livre, sauf ceux d'entre eux qui sont injustes. Et dites: Nous croyons en ce qu'on a fait descendre vers nous et descendre vers vous, tandis que notre Dieu et votre Dieu est le même, et c'est à Lui que nous nous soumettons. » Sourate  29 verset46

    Tertio :promouvoir l’Islam, c’est savoir choisir le message qui convient au public cible et savoir identifier le public apte à recevoir le message. Pour ce faire, il faut connaître les besoins du public, ses forces, ses limites, mais aussi sa psychologie avant de l’aborder. Le Prophète (SAWS) recommandait : « Adressez-vous aux gens selon leur mentalité. »

    Les mêmes méthodes qui nous permettent d’atteindre de bons résultats en entreprise également doivent nous aider à améliorer  nos stratégies dans la da’wa. L’Islam doit être à cet effet perçu comme un produit, qui besoin d’être présenter pour être bien accepté du public. Ce marketing de l’Islam nécessite des connaissances approfondies et diversifiées.

    Enfin l’appel à l’Islam de nos jours doit bénéficier de l’apport financier et du don de nos personnes comme Rassul (SAWS) nous y invite : « Le meilleur des humains est un croyant combattants pour la cause de Dieu, y allant de sa personne et de ses biens. ».

    IV.      Les difficultés liées à l’appel à l’islam dans le monde contemporain.

    La globalisation, la perte des anciens repères, la crise identitaire, la récession économique, le chômage, l’impact des nouveaux moyens de communication et les transformations culturelles sont autant de facteurs qui limitent l’efficacité de la da’wa dans le monde contemporain. Ces problèmes agissent comme des révélateurs et concentrent  toutes les peurs vis-à-vis de l’Islam et des musulmans.

    Dans un récent sondage effectué en France, ces craintes et ce rejet se sont exprimés de la façon la plus claire : 43 % des Français considèrent que la présence d’une communauté musulmane en France est plutôt une "menace" pour l’identité du pays ; le même pourcentage se prononce contre la construction de mosquées (39 % en 2010), et 63 % se disent contre le port du foulard dans la rue (59 % en 2010). Seulement 17% des Français voient la présence musulmane comme un facteur d’enrichissement culturel.

    Quand  la peur, le populisme, les thèses d’extrême droite, la xénophobie et le racisme s’installent, se répandent et se normalisent (au point parfois de justifier une application discriminatoire de la loi), ce sont les sociétés dans leur ensemble qui sont en danger et doivent réagir. Vous conviendrez avec nous que la da’wa prend des coups dans ce contexte d’islamophobie généralisée dans le monde.  

    En dehors de ces facteurs externes handicapants, il y a d’autres facteurs internes qui sont liés à la diversité du message. Certes, s’il existe une certaine unité dans le contenu du message islamique, il faut noter une diversité quant à la forme qui ne favorise pas du tout la da’wa.  Cette analyse avait été menée par Ibn Khaldoun  qui retrace avec lucidité les phases fatidiques traversées par le message islamique. Une phase «  populaire » où la force de cohésion et de propulsion du message est issue du peuple, suivie d’une phase « aristocratique » où le message était instrumentalisé pour la cause du pouvoir, qui plus tard deviendra « autocratique ». Enfin, une phase « d’éclatement ». A ces   quatre phases correspondent quatre générations de musulmans : les « constructeurs », les « continuateurs », les « profiteurs », enfin les « destructeurs ». Mais ce seuil de rupture entraîne une régulation qui fait recommencer le cycle à son point de départ « populaire » permettant ainsi des alternances régénératrices pour la civilisation musulmane. Or, ce mécanisme a cessé d’être opérationnel sous l’emprise conjuguée de la désagrégation sociale, du dogmatisme culturel et du despotisme politique. La désagrégation sociale a provoqué un relâchement des mœurs. Le dogmatisme culturel qui, à l’origine, tentait de juguler ce désordre social, versa dans le conservatisme stérile. Conséquences le contenu de la da’wa a été altéré par les idéologies[1] qui ne servaient que la causes des pouvoirs.  Aujourd’hui les survivances de cette décadence continuent de freiner la da’wa.         

    V.         Les mérites liés à l’appel à l’islam et les conséquences liées à son l’abandon.

    ØLes mérites liés à l’appel l’islam

    Appeler les gens à n’adorer qu’Allah signifie également parfaire notre adoration, qui est la raison pour laquelle nous avons été créés. C’est un des actes les plus nobles, qui mérite une rétribution supérieure.

    « Et qui tient meilleur langage que celui qui appelle [les autres] vers le Seigneur, fait le bien et dit : « Certes, je suis du nombre des musulmans (soumis à Dieu) » ? »Sourate 41 verset 33

    Au sujet de la rétribution de celui qui appelle les autres à l’islam, Rassul (SAWS)  a dit : « Quiconque guide une autre personne vers l’accomplissement d’une bonne action recevra une rétribution similaire à celle de cette personne. » (Sahih Mouslim)

    Il a également dit : « Par Allah, si Allah guidait un seul homme par ton intermédiaire, cela serait meilleur pour toi que les meilleures races de chameaux. » (Al-Boukhari, Mouslim)

    Selon ‘Oqba Al Ansari -qu’Allâh l’agrée-, le Messager d’Allâh (SAWS ) a dit : « Celui qui montre la voie d'une bonne action à l'égal du salaire de celui qui la fait. » [Rapporté par Mouslim]

    D'après Abou Hourayra -qu’Allâh l’agrée-, le Messager d’Allâh -sallâ l-Lahû ‘aleyhi wa sallam- a dit : « Celui qui appelle à une bonne voie se voit attribuer l'égal du salaire de celui qui la fait. » [Rapporté par Mouslim]

    Øles conséquences liées à l’abandon de la da’wa.

    La da’wa est une obligation pour nous musulmans. De ce fait sa négligence et son abandon constitue des actes égoïstes répréhensibles en Islam. Pour certaines opinions de juristes consuls Allah vous a montré la Voie et vous refusez d'aider les autres à la trouver.  Vous aurez à rendre compte de vos actions le jour du jugement. Quand vos voisins non musulmans seront devant Allah, ils diront que vous ne leur avez rien dit, que vous avez caché la Vérité et que vous ne leur avez jamais parlé de l'Islam. L’islam est la générosité.

    Allah  nous a donné comme mission de propager la Vérité sur Terre. Si nous avons la Vérité et que nous la cachons, nous aurons à rendre des comptes pour cela. Comme le Prophète à travers ce Hadith, nous ne devons pas abandonner la da’wa.

    ‘Ouqayl Ibn Abou Talib -qu’Allâh l’agrée- rapporte : « Les Qouraychites vinrent chez Abou Talib [...]

    Abou Talib -qu’Allâh l’agrée- dit au  Messager d’Allâh (SAWS)« Mon neveu! Par Allâh! Tu m'as toujours obéi. Ta tribu est venue prétendre que tu viens dans leur Kaâba et dans leurs cercles les importuner par tes paroles. Alors, si tu veux bien, laisse-les tranquilles ».

    Le Prophète (SAWS) regarda le ciel et déclara : « Par Allah ! Il m'est impossible de laisser ma mission pour laquelle je suis envoyé tout comme il vous est impossible d'allumer du feu avec le soleil. »

    Dans une autre version : Abou Talib -qu’Allâh l’agrée- lui dit : « Ta tribu est venue me voir et m'a dit ceci et cela. Alors épargne-moi et épargne ta propre personne, et ne m'accable pas par ce que je ne peux supporter et toi non plus. Arrête de leur dire les paroles qu'ils détestent ».
    Le Messager d’Allah (SAWS) crut que son oncle avait changé d'avis à son sujet, qu'il allait le lâcher et l'abandonner et qu'il n'avait plus la force de résister avec lui.

    Il répondit : « Mon oncle, si le soleil était posé dans ma main droite et la lune dans ma main gauche, je ne laisserais pas cette affaire jusqu'à ce que Allah la fasse triompher ou que je périsse pour sa cause ». Et le Messager d’Allah fut pris par les larmes et pleura. » 

    Indépendamment de ce qui précède à notre époque l’abandon de la Da’wa provoquera une intensification des préjugés et autres stéréotypés autour de l’Islam, la recrudescence de pratiques dévoyées…

    POUR NE PAS CONCLURE

    La mise en place d’un système d’appel à l’Islam, quel que soit son niveau d’application, prend en compte de manière plus ou moins prononcée les différentes dimensions mises ici en évidence.

    L’analyse d’un système de la Da’wa au Burkina par le CERFI nécessite d’apporter des réponses précises aux questions suivantes.

    Quelles fonctions cherche-t-on à privilégier par la mise en place d’un système d’appel à l’Islam? Cherche-t-on à développer surtout un bon croyant ou attend-on de la personne formée qu’elle soit acteur de changement ? La formation est-elle orientée vers la production de simples croyants, ou au contraire vers l’émergence  et l’ancrage d’une conscience citoyenne musulmane? Ou encore, vise-t-on toutes ces dimensions à la fois ?

    Dans quelle logique s’inscrit-on au  niveau du CERFI? Veut-on une centralisation du système, géré par un service de formation fortement organisé ? Cherche-t-on plutôt une décentralisation, laissant plus de place aux petites entités, aux individus ?

    Comment s’organise concrètement le système d’appel à l’Islam? En particulier, quelles sont les décisions — et qui les prend ? — en ce qui concerne le contenu du discours, l’analyse des besoins de communication religieuse, l’évaluation, la réponse aux demandes et aux offres,… ?

    Enfin, — et nous sommes convaincus qu’il s’agit là d’un domaine qui mérite de plus amples investigations — quelle est la place du CERFI dans le processus  de formation  à travers la Da’wa? N’est-il pas par excellence celui qui peut faire le lien entre les différentes fonctions dévolues aux institutions de production (Faire du CERFI,un espace de prospérité et une organisation actrice du développement national ), de formation (Faire du CERFI,un espace de spiritualité, de solidarité et de promotion des savoirs ), de gestion et d’analyse (Faire du CERFI,une organisation contribuant à l’éveil de la conscience citoyenne au Burkina Faso par la promotion des valeurs islamiques et républicaines)?

     

     

     

     

     

    BIBLIOGRAPHIE

    A.    Ouvrages

    Jacques Berque, 1980, L’Islam au défi, Paris, Gallimard, 312 pages.

    Roger Garaudy, 1981, Promesse de l’Islam, Paris, Le Seuil, 180 pages

    Ben Halima A., 1997, Militer sur la voie du Prophète, Le Figuier

    Ben Halima A., 1997, 6 leçons pour les jeunes inspirées de la sourate Youssef.  Le Figuier.

    Al Qaradâwi Yûsuf, 1998, Pour un éveil islamique efficient ( à même de renouveler le spirituel et de promouvoir le temporel), Rabat, Isesco  traduit de l’Arabe par Moussa Chami, 215 pages.

    Marie Miran, 2006,Islam, histoire et modernité́ en Côte d'Ivoire, Paris, Karthala, 546 pages.

    Samir Amghar, 2013, L'islam militant en Europe, édition Infolio.

     

    B.     Articles

    La Da’wa et ses finalités, http://09121980.e-monsite.com/pages/spiritualite/ecrites/la-creation-de-l-univers.html/ consulté le 10/11/2013

    Tablighi_Jamaat Historique, http://fr.wikipedia.org/wiki/ #consulté le 10/11/2013

    Da’wah ou l’Invitation à l’Islam,  http://www.pointslash.info/air-islam2consulté le 10/11/2013

    http://cultureintegrale.blog4ever.com

    ANNEXE 1.

    Ø  Bref historique de la Da’wa.

    Les prophètes remplissent une tâche importante qui consiste à avertir d'une façon manifeste et claire, expliquer avec sagesse, prêcher efficacement et présenter les meilleurs arguments. A titre illustratif nous allons évoquer le cas de quelque’ uns : Nouh, Ibrahim, Moussa, Issa et Mouhamad SAWS).

    Nouh (alayhi salam)

    La vie et la mission du prophète Nouh est une mine de connaissances et de stratégies qui doit nous inspirer pour s’investir de manière efficiente dans la da’wa. Il est donc primordial de prendre exemple sur la vie, la mission et le comportement de notre prophète Nouh (alayhi salam). Le Coran nous en donne des indications :

    « Nous avons envoyé  Noé vers son peuple. Il dit : « ô mon peuple, adorez Allah. Pour vous, pas d’autre divinité que Lui. Je crains pour vous le châtiment d’un jour terrible » » Sourate 7, verset 59.

    Ibrahim (alayhi salam)

    L’histoire d’Abraham est riche en évènements historiques et en leçons de spiritualité et de morale. Tant sa foi a été éprouvée, tant sa vie a été difficile, Ibrahim (alayhi salam) est un exemple de patience, il aura fait preuve d’une croyance inébranlable durant sa longue vie. De sa naissance à la révélation qui lui est parvenue, son opposition au tyran Nemrod et son refus d’adorer les idoles. En passant par son mariage avec Sarah, les années d’infertilité de celle-ci, puis le mariage avec Hajar ainsi que sa migration vers la Mecque.

    Peu importe qu’il sache ou non comment les mettre en pratique. En ce sens, Abraham (alayhi salam) est également à prendre en exemple et la oumma peut rivaliser dans cela au quotidien.

    Chacun de nous peut donner aujourd’hui de son art, sa spécialité afin de continuer à transmettre le message.

    Issa (alayhi salam)

    Lorsqu’on évoque Issa (alayhi salam), fils de Maryam , les premiers mots qui nous viennent à l’esprit sont : douceur, amour, miséricorde, compassion et empathie. Ainsi était notre prophète Issa (alayhi salam). De sa naissance miraculeuse (immaculée conception) à sa fin extraordinaire, tout dans la vie de Jésus (alayhi salam) force l’admiration et le respect. Il est né Prophète et appelait à la libération des âmes en abandonnant ses passions. Sa vie n’aura été que transmission du message et appel à la voie du Seigneur. On le considère comme Prophète du peuple car il ne s’est jamais coupé des siens. Pour lui aucune hiérarchie entre les hommes ne devait exister si celle-ci n’avait pas pour base la taqwa (la piété). L’histoire de son geste envers la samaritaine illustre parfaitement ces propos. Nous n’avons pas à choisir à qui nous faisons da’wa.

    L’histoire de Issa (alayhi salam) est forte en exemple également dans le domaine de l’humilité. En effet Issa ibn Maryam saura lui même s’effacer au profit d’Amir al muminine à la fin des temps, il ne sera plus chef mais soldat à la fin des temps pour porter le message et parachever la mission de Mohammed, prière et salut sur lui. Que la Oumma prenne exemple, il y a un temps pour diriger et un temps pour exécuter, servir. Dans tous les cas, la mission doit rester la même : transmettre le message divin sans ambiguïté.

    Moussa (alayhi salam)

    L’histoire dans la da’wa est un enseignement  sur la manière de transmission du message religieux aux hommes politiques. Dans ses relations avec Pharaon, dans son rapport de leadership avec sa communauté, il y a autant de stratégies et de discours pour convaincre et maintenir la relation entre Allah et ses serviteurs.

    « Et en effet Moïse vous est venu avec les preuves. » Sourate 2, verset 92.

    Somme toute,  la société a changé et il faut prendre en compte ses paramètres, certaines constantes s’observent à travers tous les récits de nos messagers, cependant il y a des variables selon les lieux, les époques et les personnes concernées. Tous n’ont pas procédé de la même manière pour transmettre le message et inviter à la voie du Seigneur, mais le but est le même. « Transmettez de ma part, ne serait-ce qu’un verset » Ne négligeons pas l’importance de lada’wa dans notre religion. L’époque actuelle nous enseigne qu’il est nécessaire de sonder la communauté et identifier ses besoins pour ensuite mettre en place des projets. Il est nécessaire de s’inspirer du passé mais il faut le transposer en l’adaptant à la société actuelle.

    Ø  La da’wa de Rassul (SAWS)

    Le Prophète (SAWS) voulut tout d’abord former son était major avec des hommes qui allaient l’aider à communiquer son message à l’humanité. Il savait que pour défendre la vérité, il aura besoin d’hommes énergiques, positifs, de probité morale, qui sauront réunir les gens autour d’eux : ceux qui allaient former le tronc de l’arbre qui devait donner les fruits. En trois ans, il en avait réuni deux cents. Pour ce faire lorsqu’on jette un regard sur le contenu des versets mecquois et des versets médinois, il y a une constante : les uns appellent à un renforcement de la foi et les autres à une diffusion de la religion, à la consolidation de la communauté de foi.  De fait, la da’wa de Rassul peut se résumer en deux étapes.

    Etape 1 :

    Les historiens ont l’habitude de désigner cette époque de la Sira (biographie) du Prophète (SAWS) comme celle de l’invitation secrète tandis qu’elle a plutôt été silencieuse et individuelle. Le Messager choisissait soigneusement ses compagnons, les prenait dans toutes les classes de la société et toutes les tribus. C’étaient des esclaves, des notables, des commerçants, des gens riches ou pauvres. L’essentiel était de faire pénétrer l’Islam dans tous les cercles et de trouver les hommes sérieux et capables de porter la responsabilité et de se dépenser pour la cause. Ainsi parmi les premiers convertis on peut citer : Khadîdja son épouse, Ali son cousin, Zaïd son esclave affranchi, Abou Bakr son ami. Ces derniers ont amené d’autres, qui ont amené d’autres à leur tour.

    Etape2 :

    Dans cette étape, il s’est agit pour le Prophète Mouhamad (SAWS) de concevoir une stratégie de mobilisation longuement murit. C’est un plan organisé de façon graduelle et qui intègre toutes les dimensions d’une communication participative. L’orchestration des différentes phases du plan nécessite une construction intellectuelle solide qui surprenait les Qoraîche[2].

    Dans cette étape publique de la da’wa de Rassul, il s’agit devant un adversaire d’avoir toujours avoir l'initiative et détenir un plan précis sinon nos actions ne seront que de pures réactions à ce que l'autre fait. . Et la Sira attire notre attention sur le fait que XIV siècles auparavant, le Prophète était conscient que pour atteindre un objectif, il devait établir un plan pour contrôler les mouvements des autres. C’est ce qu’il s’est attelé de faire au sein de sa famille et au sein de sa tribu. Deux versets coraniques parlent de cette étape de la da’wa de Rassul (SAWS).

    « Expose donc clairement ce qu'on t'a commandé et détourne-toi des associateurs » Sourate 15, verset 94

    « Et avertis les gens qui te sont les plus proches » Sourate 26, verset 214

    Le Prophète voyait qu'au début de cette deuxième phase, les nouveaux convertis appartenaient à seize tribus de Qoraïche et représentaient un petit échantillon de celle-ci. Cependant, il trouvait que les gens qui lui sont les plus proches étaient encore mécréants. C'est pour cette raison qu'il décida de commencer par eux. Cependant, le Prophète, tout en appelant sa famille à l'Islam, n'oublia pas que son message était aussi destiné à toute l'humanité.

     

    ANNEXE 2

    Le Tabligh, qui signifie en arabe "la propagation de la foi", a été fondé dans les années 1920 en Inde par Mohamed Elyas dans un contexte de domination britannique et face à une poussée de la religion hindouiste. Cette activité missionnaire n'est pas politique, et ne vise que la transmission d'une pratique musulmane. Son objectif est la réislamisation de la société grâce à des actions de prédication. On les appelle les "témoins de Jehova de l'islam". Ils se regroupent par groupes de 4 ou 5 personnes et organisent des voyages, les Khorouj, pour appeler les musulmans à l'islam. Mais ce mouvement ne défend pas une vision politique. 

    Les Tablighis ont une interprétation littéraliste des principaux préceptes de l'islam. Ils s'efforcent ainsi de suivre à la lettre les codes et préceptes du droit islamique. Leur pratique est basée sur six qualités (Sita Sifâtes), parmi les nombreuses qualités que possédaient les compagnons du Prophète (SAWS):

    1.     La certitude sur Dieu (al yaqine) et le chemin du Prophète (SAWS), la Sunna ;

    2.     La prière avec concentration et dévotion ;

    3.     La foi et le rappel perpétuel de Dieu ;

    4.     La Générosité envers les musulmans ;

    5.     La correction de l'intention et la sincérité ;

    6.     Le prêche vers Allah avec la sortie sur le sentier d'Allah 

    D'abord présent en Inde, au Pakistan et au Bangladesh, le Tabligh va s'internationaliser dans les années 1950, via les routes qui menaient à la Mecque, en Arabie Saoudite. Aujourd'hui, on retrouve ce mouvement un peu partout dans le monde. S'il est difficile d'évaluer le nombre d'adeptes, il s'agirait de l'organisation islamique la plus importante du monde quantitativement. 

    Le mouvement fonctionne sur le système de la concertation (Al Machoura), à différents échelons. Par ailleurs, des savants, et qui constituent la "Machoura", s'efforcent de veiller à l'orthodoxie des pratiques des membres, à qui l'on conseille de sacrifier de leur personne, de leur temps et de leur argent, dans le sentier d'Allah, comme l'ont fait les compagnons (As-Sahabas).

    ANNEXE 3

    LES DIX STRATEGIES DE MANIPULATION DE MASSE

    Noam Chomsky

     

    1/ La stratégie de la distraction

    Élément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes. La stratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher le public de s’intéresser aux connaissances essentielles, dans les domaines de la science, de l’économie, de la psychologie, de la neurobiologie, et de la cybernétique. « Garder l’attention du public distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importance réelle. Garder le public occupé, occupé, occupé, sans aucun temps pour penser; de retour à la ferme avec les autres animaux. »

    Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »

    2/ Créer des problèmes, puis offrir des solutions

    Cette méthode est aussi appelée « problème-réaction-solution ». On crée d’abord un problème, une « situation » prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu’on souhaite lui faire accepter. Par exemple: laisser se développer la violence urbaine, ou organiser des attentats sanglants, afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de la liberté. Ou encore : créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlement des services publics.

    3/ La stratégie de la dégradation

    Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, en « dégradé », sur une durée de 10 ans. C’est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles (néolibéralisme) ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution s’ils avaient été appliqués brutalement.

    4/ La stratégie du différé

    Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme « douloureuse mais nécessaire », en obtenant l’accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat. D’abord parce que l’effort n’est pas à fournir tout de suite. Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que « tout ira mieux demain » et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour s’habituer à l’idée du changement et l’accepter avec résignation lorsque le moment sera venu.

    5/ S’adresser au public comme à des enfants en bas-âge

    La plupart des publicités destinées au grand-public utilisent un discours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrement infantilisants, souvent proche du débilitant, comme si le spectateur était un enfant en bas-âge ou un handicapé mental. Plus on cherchera à tromper le spectateur, plus on adoptera un ton infantilisant. Pourquoi ? « Si on s’adresse à une personne comme si elle était âgée de 12 ans, alors, en raison de la suggestibilité, elle aura, avec une certaine probabilité, une réponse ou une réaction aussi dénuée de sens critique que celles d’une personne de 12 ans ». Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »

    6/ Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion

    Faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements…

    7/ Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise

    Faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage. « La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être la plus pauvre, de telle sorte que le fossé de l’ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures. Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »

    8/ Encourager le public à se complaire dans la médiocrité

    Encourager le public à trouver « cool » le fait d’être bête, vulgaire, et inculte…

    9/ Remplacer la révolte par la culpabilité

    Faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l’individu s’auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Et sans action, pas de révolution!…

    10/ Connaître les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes

    Au cours des 50 dernières années, les progrès fulgurants de la science ont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie, et la psychologie appliquée, le « système » est parvenu à une connaissance avancée de l’être humain, à la fois physiquement et psychologiquement. Le système en est arrivé à mieux connaître l’individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même. Cela signifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes.

     

     



    [1] Pan arabisme, nationalisme, wahhâbisme, etc.

    [2] Max WEBER le sociologue politique protestant parle de comment garder le dessus sur ses adversaires politiques en contrôlant leurs actions et réactions.


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